Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/290

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ZB RÉFLEKIONS CRI’l`1QUES diesse et les pensées mâles ne leur manquaient pas.' J’ose leur répondre que c’est confondre les limites des ·arts,,que d’en parler dela sorte; j'ajonte que les plus grands poètes de l'antiquité, tels qu'Homere, Sophocle, Virgile, se trou- veraient confondus avec une foule d'écrivains médiocres, si on ne jugeait d’eux que par le plan de leurs poèmes, et par Yinvention du dessein, et non par l'invention du style, par leur harmonie, par la chaleur de leur versificationget enfin par la vérité de leurs images. Si l'0n est donc fondé à reprocher quelque défaut a Bol- leau, ce n'est pas, à ce qu'il me semble, le défaut de génie; c’est, au, contraire, d'avoir eu plus de génie que d'étendue · ou de profondeur d’esprit,, plus de feu et de vérité que de sentiment' et de délicatesse, plus de .solidité et de sel dans la critique que de finesse ou de galté, et plus d'agrément · que de gràce ·. On l’attaque encore sur quelques-uns de ses jugements qui semblent injustes; et je ne prétends pas qu'il fut infaillible ’. ' 3. ·· amours. _ Chaulieu a su méler, avec une simplicité noble et tou- chante, l’œprit et le sentiment i. Ses vers, négligés, mais | Dans le 1*; Dialogue (voir plus loin), Vauvenargues fait dire lt Boileau lui- · même : • Je suis ne avec quelque justesse dans l'esprit; mais les espritsjustu · qui ne sont point élevés, sont quelquefois faux sur les choses de sentiment, · et dont il faut juger par le cœur. ¤ ·- G. · V* [Il n'ajamsis parlé au cœur. - V.] _ “ Var. .· [ « C'est une injustice de luirefuser le génie : le premier, il s connu « l'art des vers, et n'y a été surpasse que par deux ou trois hommes _d'un · plus grsnd esprit; il s plus fait, il a détrompé son siécle des faux brillants ·• et du mauvais ouvrages. Il avait éminemment le gout du vrai, sans lequel A on ne réussit dans aucun genre, et qui est toujours le fondement du génie. ' i« Sl son goût et sa raison ne s'éteudsient point a tout, s’il a été injuste pour n quelques auteurs, s’il s manqué lui-meme de sentiment et de délicatesse, • d'élévstion et de profondeur, c'est qu'il n'est point donné aux nomma de ~ réunir tous les talents. ll ne faut pas pour cela juger d'eux par leurs dâ ,«= fauts, car quel homme estimeraivon, ai on ne Pappréciait que par au er- ~ reurs et par ses endroits faibles? Qu'on me nomme un général qui n'ait • pas fait de fautes, un roi sans faiblesses, un écrivain, quel qu'il soit, sans ·« défautsh ]-Cette variante est extraits de notre manuscrit de Vauve- nargues. - G. . ‘ [ll avait plus d'imsginstion que d‘esprit. — V.] "