Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/312

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258 RÉFLEXIONS CRITIQUES respectables par l'estime dont ils sont en possession depuis tant de siècles. Si cela est ainsi, je ne m’étonne point que Rousseau ait emporté tous les sutïrages; on ne juge que par comparaison de toutes choses, et ceux qui font mieux que les autres dans leur genre passent toujours pour excellents, personne n’osant leur contester d’etre dans le bon chemin. Il m’a.ppartient moins qu’à tout autre de dire que Rousseau n’a pu atteindre le but de son art; mais je crains bien que, si on n’aspire pas à. faire de l’ode une imitation plus fidèle de la nature, ce genre ne demeure enseveli dans rme. espèce de médiocrité. S’il m’est permis d'étre sincère jusqu'à. la lin, favoueraî que je trouve encore des pensées bien fausses dans les mail` leures odes de Rousseau. Cette fameuse Ode à la Fortune, qu’on regarde comme le triomphe de la raison, présente, cq me semble, peu de réflexions qui ne soient plus éblouis- santes que solidœ. Écoutons ce poète philosophe: Quoi! Rome et l’ItaIie en cendre Me feront honorer Sylla'! Non vraiment, l’Itali¢ en cendre ne peut faire honorer Sylla; mais ce qui doit, je crois, le faire respecter avec jus- tice, c’est ce génie supérieur et puissant qui vainquit le génie de Rome , qui lui fit défier dans sa vieillesse les rœ- sentiments de ce méme peuple qu’il avait soumis', et qui sut toujours subjuguer, par les bienfaits ou par la force, l€ courage ailleurs indomptable de ses ennemis. Voyons ce qui suit : , Padmlrerai dans Alexandre ` Ce que j’sbhorre en Attila •'t Je ne sais quel était le caractère d’Attila; mais je suis I Var. : [ « Qui aoumit A son ambition le peuple de la terre le pIualnd•¤l• a etleplnatecondeu hém•,etIuilltdéûerdanssavieilluael1¤¤œu1üm¤¤ « de ce meme peupIe,qn‘iI ne daignalt plusgouvernexu ] -Autr¢ •¢¤·.:[•ù « qui doit le faire admirer, c’est son grand courage, c’est aa grande aclüh « c’est le génie supérieur qui l’éleva a la aonvuaine autorité, et qui, neuw · vant pas de quoi ae satisfaire dans ce rang supreme, lui donnalacnnhü « de a'eu dépouiller, et de déller ainsi des ennemis qui étalent ai puinanfl ¢ ` • ai offenaéa. •] ,

  • Il ne a'aglt ici ni du génie de Sylla, ni des grandes qualités d'A|¤l¤·