Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/364

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3l0 » ESSAI grandes passions; cependant, ami duvrai, capable de con- cevoir le grand et de s’y élever, mais trop paresseux et trop volage pour s’y soutenir; hardi dans ses projets et dans ses doutes, mais timide a croire et à faire; défiant avec les habiles, par la crainte qu’ils n'abusent de son caractère sans précaution et sans artifice; fuyant les esprits impérieux qui l'obligent à sortir de son naturel pour se défendre, et font violence à. sa timidité et a sa modestie; épineux par la , crainte d’ètre dupe, quelquefois injuste; comme il craint les explications par timidité ou par paresse, il laisse aigrir plusieurs sujets de plainte sur son cœur, trop faible égale- ment pour vaincre et pour produire ces délicatesses : tels sont ses défauts les plus cachés. Quel homme n'a pas ses faiblesses? Celui—ci joint à l'avantage d’un beau naturel un coup d’œil fort prompt et juste ; personne ne juge plus saine- ment des choses au degré où il les pénètre, mais il ne les suit pas assez loin; la vérité échappe trop promptement à. son esprit naturellement vif, mais faible, et plus pénétrant que profond. Son goût, d’une justesse rare sur les choses de sentiment, saisit avec peine celles qui demandent de la ré- flexion, ou qui sont simplement ingénieuses. Trop naturel pour ètre affecté de l’art, il ignore jusqu’aux bienséances; estimable par cette grande et précieuse simplicité, par la ` noblesse de ses sentiments, par la vivacité de ses lumièœs, et par des vertus trop aimables pour etre exprimées'. 19. — 1.'nouM1·: ou Momie ·. Un homme du monde n’est pas celui qui connatt le mieux , ‘ les autres hommes, qui a le plus de prévoyance ou de dexg térité dans les affaires, qui est le plus instruit par l’expé- ricnce ou par l’étude; ce n'est ni un bon économe, ni un savant, ni un politique, ni un ofiicier éclairé, ni un magis- ' Var.; ¤ Estimsble par cette grande et précieuse simplicité, par la · droiture de ses sentiments, et par ces lumières d’instinct, que ls nature ~ n'a point accordées aux esprits subtils, .et. aux cœurs nourris chrtihcœ. ¤

  • C'est une leçon plus complète du Caractère intitulé le Mérite frivole

dans los éditions précédentes. — G. `