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Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/455

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ET MAXIMES.

222. Où il y a de la grandeur, nous la sentons malgré nous : la gloire des conquérants a toujours été combattue ; les peuples en ont toujours souffert, et ils l’ont toujours respectée.

223. Le contemplateur, mollement couché dans une chambre tapissée, invective contre le soldat qui passe les nuits de l’hiver au bord d’un fleuve, et veille en silence sous les armes pour la sûreté de la patrie.

224. Ce n’est pas à porter la faim et la misère chez les étrangers qu’un héros attache la gloire, mais à les souffrir pour l’État ; ce n’est pas à donner la mort, mais à la braver.

225. Le vice fomente la guerre ; la vertu combat : s’il n’y avait aucune vertu, nous aurions pour toujours la paix[1].

226. La vigueur d’esprit ou l’adresse ont fait les premières fortunes : l’inégalité des conditions est née de celle des génies et des courages.

227. Il est faux que l’égalité soit une loi de la nature : la nature n’a rien fait d’égal ; sa loi souveraine est la subordination et la dépendance[2].

228. Qu’on tempère, comme on voudra, la souveraineté dans un État, nulle loi n’est capable d’empêcher un tyran d’abuser de l’autorité de son emploi[3].

229. On est forcé de respecter les dons de la nature, que l’étude et la fortune ne peuvent donner.

230. La plupart des hommes sont si resserrés dans la sphère de leur condition, qu’ils n’ont pas même le courage

  1. [Bien. — V.]
  2. Var. : « Le projet de rapprocher les conditions a toujours été un beau songe ; la loi ne saurait égaler les hommes malgré la nature. » — Autre Var. : « La nature n’ayant pas égalé tous les hommes par le mérite, il semble qu’elle n’a pu ni dû les égaler par la fortune. » — Égaler pour égaliser. — G.
  3. [Bien. — V.]