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ET MAXIMES.

501.  Nous ne passons les peuples qu’on nomme barbares, nien courage, ni en humanité, ni en santé, ni en plaisirs ; et, n’étant ainsi ui plus vertueux, ni plus heureux, nous ne laissons pas de nous croire bien plus sages.

502.  L’énorme différence que nous remarquons entre les sauvages et nous, ne consiste qu’en ce que nous sommes un peu moins ignorants.

503.  [Nous savons plus de choses inutiles, que nous n’en ignorons de nécessaires.]

504.  Les simplicités nous délassent des grandes spéculations.

505.  [Je crois qu’il n’y a guère eu d’auteurs qui aient été contents de leur siècle.]

506.  Quand on ne regarderait l’histoire ancienne que comme un roman, elle mériterait encore d’être respectée comme une peinture charmante des plus belles mœurs dont les hommes puissent jamais être capables.

507.  N’est-il pas impertinent que nous regardions comme une vanité ridicule ce même amour de la vertu et de la gloire que nous admirons dans les Grecs et les Romains, hommes comme nous, et moins éclairés[1] ?

508.  Chaque condition a ses erreurs et ses lumières ; chaque peuple a ses mœurs et son génie, selon sa fortune ; les Grecs, que nous avons passés en délicatesse, nous passaient en simplicité.

509.  Qu’il y a peu de pensées exactes ! et combien il en reste encore aux esprits justes à développer !

510.  [Sur quelque sujet qu’on écrive, on ne parle jamais assez pour le grand nombre, et l’on dit toujours trop pour les habiles.]

  1. Rapprochez de la 46e Reflexion, page 103. — G.