Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/502

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511. Un auteur n’est jamaist si faible que lorsqu’il traite faiblement les grands sujets.

512. Rien de grand ne comporte la médiocrité.

513. Il y a des hommes qui veulent qu’un auteur fixe leurs opinions et leurs sentiments, et d’autres qui n’admirent un ouvrage qu’autant qu’il renverse toutes leurs idées, et ne leur laisse aucun principe d’assuré.

514. Nous ne renonçons pas aux biens que nous nous sentons capables d’acquérir.

515. Il n’y a point de noms si révérés et défendus avec tant de chaleur, que ceux qui honorent un parti.

516. Les grands rois, les grands capitaines, les grands politiques, les écrivains sublimes, sont des hommes; toutes les épithètes fastueuses dont nous nous étourdissons ne veulent rien dire de plus[1].

517. Tout ce qui est injuste nous blesse, lorsqu’il ne nous profite pas directement.

518. Nul homme n’est assez timide, ou glorieux, ou intéressé, pour cacher toutes les vérités qui pourraient lui nuire.

519. La dissimulation est un effort de la raison, bien loin d’être un vice de la nature.

520. Celui qui a besoin d’un motif pour être engagé à mentir, n’est pas né menteur.

521. Tous les hommes naissent sincères, et meurent trompeurs.

522. Les hommes semblent être nés pour faire des dupes, et l’être d’eux-mêmes.

  1. Pascal exprime la même idée dans les 31e et 33e l’entrées, de l’article IX de la 1re partie. — G.