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RÉFLEXIONS

535. Nous blâmons quelques hommes de trop s’affliger, comme nous reprochons à d’autres d’être trop modestes, quoique nous sachions bien ce qu’il en est.

536. [C’est jouer une impertinente comédie que d’user son éloquence à consoler de feintes douleurs, que l’on connaît pour telles.]

537. [Quelque tendresse que nous ayons pour nos amis ou pour nos proches, il n’arrive jamais que le bonheur d’autrui suffise pour faire le nôtre.]

538. [On ne fait plus d’amis dans la vieillesse ; alors toutes les pertes sont irréparables.]

539. La morale purement humaine a été traitée plus utilement et plus habilement par les anciens, qu’elle ne l’est maintenant par nos philosophes.

540. La science des mœurs ne donne pas celle des hommes.

541. Lorsqu’un édifice a été porté jusqu’à sa plus grande hauteur, tout ce qu’on peut faire est de l’embellir, ou d’y changer des bagatelles, sans toucher au fond. De même on ne peut que ramper sur les vieux principes de la morale, si l’on n’est soi même capable de poser d’autres fondements, qui, plus vastes et plus solides, puissent porter plus de conséquences, et ouvrir à la réflexion un nouveau champ[1].

542. L’invention est l’unique preuve du génie.

543. On n’apprend aux hommes les vrais plaisirs qu’en les dépouillant des faux biens, comme on ne fait germer le bon grain qu’en arrachant l’ivraie qui l’environne[2].

544. Il n’y a point, nous dit-on, de faux plaisirs : à la bonne heure ; mais il y en a de bas et de méprisables. Les choisirez-vous ?

  1. Voir la Maxime 415e. — G.
  2. Rapprochez cette Maxime et la suivante de la Variante de la 272e. — G.