gens comme des dupes : la plupart des hommes, dans le fond du cœur, méprisent la vertu, peu la gloire[1].
714. La Fontaine était persuadé[2], comme il le dit, que l’apologue était un art divin : jamais peut-être de véritablement grands hommes ne se sont amusés à tourner des fables.
715. Une mauvaise préface allonge considérablement un mauvais livre ; mais ce qui est bien pensé est bien pensé, et ce qui est bien écrit est bien écrit[3].
716. Ce sont les ouvrages médiocres qu’il faut abréger : je n’ai jamais vu de préface ennuyeuse devant un bon livre.
717. Toute hauteur affectée est puérile ; si elle se fonde sur des titres supposés, elle est ridicule ; et si ces titres sont frivoles, elle est basse[4]: le caractère de la vraie hauteur est d’être toujours à sa place[5].
718. Nous n’attendons pas d’un malade qu’il ait l’enjouement de la santé et la force du corps ; s’il conserve même sa raison jusqu’à la fin, nous nous en étonnons ; et s’il fait paraître quelque fermeté, nous disons qu’il y a de l’affectation dans cette mort : tant cela est rare et difficile. Cependant, s’il arrive qu’un autre homme démente, en mourant, ou la fermeté, ou les principes qu’il a professés pendant sa vie ; si, dans l’état du monde le plus faible, il donne quelque marque de faiblesse.... ô aveugle malice de l’esprit humain ! il n’y a point de contradictions si manifestes que l’envie n’assemble pour nuire[6].
- ↑ [Cela est-il bien vrai ? — V.] — Var. : [ « Il n’est donc pas décidé qu’ils soient plus sensibles au gain qu’a l’honneur, tel qu’ils l’imaginent. » ]
- ↑ On ne voit pas quelle est la liaison des deux parties de cette Maxime, ce qui la rend très-obscure. En disant que jamais de véritablement grands hommes ne se sont amusés à tourner des fables, vent-il dire que c’est un art d’instinct, d’inspiration ? Mais cela pourrait se dire de beaucoup d’autres genres de talents poétiques. Faut-il le prendre dans un sens défavorable ? On a peine à le concevoir d’après les éloges qu’il donne à La Fontaine dans ses Réflexions sur les poètes. On voit plus vivement encore, dans ses Lettres à Voltaire, l’admiration que lui inspirait le talent de La Fontaine, qu’il a même défendu contre Voltaire. — S. — La liaison des deux parties de cette pensée est immédiate. Vauvenargues faisait grand cas du génie de La Fontaine (voir la 1re Réflexion critique, page 233), mais il n’estimait que médiocrement la fable, de même que le roman, l’allégorie et, en général, tous les genres de fiction. — (Voir des Romans, page 70 ; Sur le merveilleux, page 102, et un passage sur les Allégories de Rousseau, page 260.) Du reste, Voltaire qui, certes, n’etait pas prévenu en faveur de La Fontaine, trouvait cette réflexion mauvaise (exemplaire d’Aix), et c’est lui qui l’a fait retrancher à Vauvenargues. — G.
- ↑ [Mauvais. — V.]
- ↑ [Non. — V.]
- ↑ Voyez la Maxime 472e. — G.
- ↑ Rapprochez de la Maxime 141e. — G.