Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/147

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je ne t’égarerai point dans de vaines fictions, dans d’inutiles détours et de longs préambules.

Dans la production des arbres, la nature agit diversement. Les uns, nés d’eux-mêmes, sans aucun effort de la part des hommes, couvrent les campagnes et les rives tortueuses des fleuves : ainsi naissent l’osier flexible, le souple genêt, le peuplier, et le saule au vert et pâle feuillage. Les autres veulent être semés : tels sont le châtaignier à la tige élevée ; le roi des forêts, le chêne consacré à Jupiter, et celui dont la Grèce jadis révéra les oracles. D’autres, comme le cerisier et l’orme, voient sortir de leurs racines une épaisse forêt de rejetons, de même que le laurier du Parnasse abrite sa tige naissante sous l’ombre de sa mère.

Telle fut la marche primitive de la nature : ainsi se couvrent de verdure les forêts, les vergers et les bois consacrés aux dieux. Il est d’autres procédés que l’on doit à l’expérience.

Tantôt du tronc maternel on détache une jeune tige, que l’on dépose dans un sillon ; tantôt on enterre profondément soit la souche même, soit un rameau vigoureux fendu en quatre et aiguisé en pieu. D’autres espèces se reproduisent au moyen de jets que l’on courbe en arc, et que l’on plonge vivants dans le sol natal. D’autres n’ont pas besoin de racines ; on émonde