Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/630

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soniens troublés un frémissement confus. Ainsi, quand des rochers s’opposent à l’élan impétueux d’un torrent, l’onde emprisonnée mugit, et les rives voisines retentissent du fracas des eaux bouillonnantes.

Dès que le calme fut rétabli, et que le murmure eut expiré sur les lèvres des assistants, le roi invoque les dieux et, du haut de son trône, parle en ces termes : « J’eusse désiré, et il eût été mieux, sans doute, de statuer d’abord sur ces grands intérêts, et ce n’est pas le moment d’assembler un conseil, quand l’ennemi assiége nos murailles. Nous soutenons une guerre sans issue contre le sang des dieux, contre des guerriers invincibles, que nul combat ne lasse, et que les revers ne découragent ni ne désarment. L’espoir que vous pouviez mettre dans le secours des Étoliens, il y faut renoncer : chacun de nous ne peut plus espérer qu’en lui-même ; vous voyez donc où nous en sommes réduits ; vous voyez de vos yeux, vous touchez de vos mains les ruines que nos désastres accumulent autour de nous. Je n’accuse personne : tout ce que pouvait faire le courage, il l’a fait ; l’État a déployé tout ce qu’il avait de forces et de ressources.

« Apprenez maintenant quel projet occupe mon esprit irrésolu ; je vais vous en instruire en peu de mots.

« Je possède un antique domaine qui s’étend à l’occident du