Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/631

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Tibre jusqu’aux limites des Sicaniens ; les Auronces et les Rutules le cultivent ; ils tourmentent avec le soc les arides collines, dont les âpres sommets servent de pâturage à leurs troupeaux. Cédons aux Troyens, pour prix de leur amitié, tout ce territoire et ces hautes montagnes couronnées de pins. Dictons les conditions équitables d’une heureuse alliance, et associons les Troyens à notre empire. Si ce pays a tant de charmes pour eux, qu’ils s’y fixent, qu’ils y fondent des remparts. S’ils veulent, au contraire, chercher d’autres contrées et une autre nation ; s’ils désirent quitter notre sol, construisons-leur avec le chêne d’Italie vingt vaisseaux et même plus, selon leurs besoins : les matériaux sont à deux pas du fleuve ; les Troyens fixeront eux-mêmes le nombre et la forme des bâtiments ; les ouvriers, l’airain, les agrès, nous leur fournirons tout. En outre, je suis d’avis que nous choisissions dans les premières familles du Latium cent députés chargés de leur porter des paroles amies, et de se présenter à eux, les rameaux de la paix à la main. Pour présents, ils leurs remettront de l’ivoire, des talents d’or, en y joignant la chaise curule et la trabée, insignes de notre royauté. Délibérez, et sauvez-nous. »

Alors se lève ce même Drancès, que tourmente l’aiguillon d’une envie perfide et d’un amer ressentiment contre Turnus. Riche, habile à la parole, mais guerrier timide ; sachant ouvrir des avis