Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/72

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paître vos génisses comme auparavant ; soumettez au joug vos taureaux. »

MÉLIBÉE.

Heureux vieillard ! ainsi tes champs, tu les conserveras ! ils sont assez grands pour toi, bien que resserrés par un rocher stérile et par un marais qui les couvre de joncs limoneux. Tes brebis pleines n’auront point à souffrir d’une pâture inaccoutumée, et, devenues mères, elles ne craindront pas la contagion d’un troupeau voisin. Heureux vieillard ! ici, sur la rive du fleuve que tu connais, près des fontaines sacrées, tu respireras la fraîcheur de l’ombrage épais. Tantôt, sur cette haie qui borde ton héritage, l’abeille du mont Hybla viendra butiner la fleur du saule, et, par son léger bourdonnement, t’inviter au sommeil ; tantôt, au pied de cette roche élevée, le vigneron, en effeuillant sa vigne, fera retentir l’air de ses chansons, tandis que les ramiers, tes amours, ne cesseront de roucouler, et la tourterelle de gémir sur la cime aérienne de l’ormeau.

TITYRE.

Aussi l’on verra dans les plaines de l’air paître les cerfs légers, la mer abandonner les poissons à sec sur le rivage ; et, changeant