Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 1, 1838.djvu/9

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AVERTISSEMENT


DE L’AUTEUR.




Le poème que l’on offre ici au public est destiné à faire connaître les coutumes et les mœurs qui régnaient anciennement sur les frontières de l’Angleterre et de l’Écosse. Les habitants, menant une vie moitié pastorale, moitié guerrière, et alliant des habitudes de pillage continuel à un esprit grossier de chevalerie, se trouvaient souvent engagés dans des scènes animées, susceptibles au plus haut point des ornements de la poésie. Comme la peinture des localités et des mœurs était plus l’objet que l’auteur avait en vue qu’une narration suivie et régulière, on a adopté la disposition des anciens romans en vers, qui offre plus de latitude sous ce rapport que ne le comporterait la dignité d’un poème régulier. Ce même arrangement présentait d’autres facilités, en raison de ce qu’il permet un changement accidentel du mètre, qui autorise jusqu’à un certain point la substitution d’un autre rhythme. De plus, le merveilleux emprunté aux croyances populaires eût semblé puéril dans un poème qui n’eût pas été ramené aux formes qui caractérisaient l’ancienne ballade ou roman en vers dans l’enfance de l’art.

Par cette raison, le récit du poème a été placé dans la bouche d’un ancien ménestrel, le dernier qui fût resté de sa profession, et qui, étant supposé avoir survécu à la révolution, pouvait avoir participé aux progrès de la poésie moderne, sans perdre la simplicité de ses premiers modèles. La date des faits mêmes qu’il rapporte est fixée vers le milieu du seizième siècle, époque où florissaient réellement la plupart des personnages du poème. Le temps qu’embrasse l’action est de trois nuits et de trois jours.