Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/10

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lon son habitude, à la réparation des ornements et à l’entretien des épitaphes tracées sur les monuments funéraires. Ses manières et son costume étaient exactement tels qu’on les décrit dans le roman. J’avais un grand désir de lier connaissance avec ce personnage et j’avais conçu l’espoir d’y réussir, attendu qu’il avait établi son domicile dans la maison du ministre, homme d’un caractère hospitalier et entièrement exempt de préjugés. M. Walker l’invita effectivement à venir prendre avec nous un verre d’eau-de-vie et d’eau, liqueur pour laquelle on pensait qu’il n’avait pas une grande répugnance ; mais il ne voulut pas s’expliquer franchement au sujet de son occupation. Il était de mauvaise humeur, et, comme il le disait lui-même, n’avait pas son franc-parler avec nous.

Il avait été singulièrement contrarié en entendant à une certaine église d’Aberdeen, le plain-chant dirigé par un diapason ou un instrument donnant le ton[1], ce qui pour le Vieillard des tombeaux était l’abomination des abominations. Peut-être, après tout, ne se sentait-il pas à son aise en notre compagnie ; il pouvait penser que les questions qui lui étaient faites par un ministre du nord de l’Écosse et par un jeune avocat avaient pour but de satisfaire une vaine curiosité plutôt qu’un louable désir de s’instruire. Quoi qu’il en soit, le Vieillard des tombeaux continua sa route pour me servir de l’expression de John Bunian, et je ne le revis plus.

La figure remarquable et l’emploi constant de ce vieux pèlerin furent rappelés à mon souvenir par des renseignements que me transmit M. Joseph Train, contrôleur de l’excise à Dumfries, qui m’en a fourni fréquemment. C’est de lui que je tiens, outre diverses circonstances, parmi lesquelles sont celles de la mort du Vieillard, les détails que l’on trouvera dans le texte. J’ai également appris que la famille du vieux pèlerin, parvenue à la troisième génération, existe encore, et qu’elle jouit d’une excellente réputation.

Pendant que ces feuilles étaient sous presse, j’ai reçu les renseignements suivants de la part de M. Train, qui avait eu la bonté, dans les instants de loisir que lui laissent les laborieux devoirs de sa place, de recueillir divers matériaux puisés aux meilleures sources :

« Durant le cours de mes visites périodiques au Glenkens, j’ai fait la connaissance intime de Robert Paterson, fils du Vieillard des

  1. Pitch pipe, dit le texte. a. m.