Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/11

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tombeaux, habitant du petit village de Balmaclellan : quoi qu’il soit maintenant dans la soixante-dixième année de son âge, il a encore toute la vivacité de la jeunesse, et une excellente mémoire, et une instruction qu’on ne s’attendrait pas à trouver chez une personne du rang qu’il occupe dans le monde. C’est à lui que je dois les détails suivants, relatifs à son père et à ses descendants actuels.

« Robert Paterson, autrement dit le Vieillard des tombeaux, était fils de Walter Paterson et de Marguerite Scott, qui exploitèrent la ferme de Haggisha, dans la paroisse de Hawick, pendant presque toute la première moitié du dix-huitième siècle. Ce fut là que naquit Robert, dans la mémorable année 1715.

« Comme il était le plus jeune fils d’une famille nombreuse, il alla se mettre au service d’un frère beaucoup plus âgé que lui, nommé François, qui avait pris à ferme de sir John Jardine d’Aapplegarth un petit terrain situé à Comcockle Moor, près de Lochmaben. Pendant sa résidence en cet endroit, il fit la connaissance d’Élisabeth Gray, fille de Robert Gray, jardinier de sir John Jardine, qu’il épousa quelque temps après. Sa femme avait été pendant très-long-temps cuisinière chez sir Thomas Kirkpatrick, de Closeburn, et par le crédit de ce gentilhomme elle obtint pour son mari, du duc de Queensberry, le bail avantageux de la carrière de pierres de taille de Gatelowbrigg, dans la paroisse de Morton. Il y bâtit une maison, autour de laquelle se trouvait assez de terrain pour lui permettre d’avoir un cheval et une vache. Robert n’a pu me dire avec certitude en quelle année son père établit sa résidence près de cette carrière ; mais il est sûr que ce fut très-peu de temps avant 1746, parce que, dit-il, pendant le fameux hiver de 1740, sa mère était encore au service de sir Thomas Kirkpatrick. À l’époque où les Highlanders[1] revinrent d’Angleterre, se dirigeant vers Glasgow, ils pillèrent la maison de M. Paterson à Gatelowbrigg, et l’emmenèrent prisonnier jusqu’à Glenbuck, pour avoir dit à un des soldats de l’armée en déroute qu’on aurait pu facilement prédire leur retraite, parce qu’il était évident que le bras puissant du Seigneur était levé, non seulement contre la maison impie et sanguinaire des Stuarts, mais aussi contre tous ceux qui cherchaient à soutenir les hérésies abominables de l’Église de Rome. Il paraît d’après cela que, déjà à cette époque de sa vie, le Vieillard des tombeaux était rempli de cet

  1. Montagnards d’Écosse. a. m.