Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/32

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roues, couverte d’une sculpture d’or un peu terne, ayant à peu près la forme de ces peintures vulgaires représentant l’arche de Noé, tirée par huit chevaux flamands à longs crins, et contenant huit personnes dans l’intérieur et six en dehors ou sur l’impériale. Dans l’intérieur étaient Leurs Seigneuries en personne, deux dames d’honneur, deux enfants ; un chapelain, logé dans une sorte d’enfoncement latéral placé en saillie près de la portière, et appelé à cause de cela botte ; et du côté opposé à cette partie de l’intérieur, était blotti l’écuyer de sa Grâce. L’équipage était conduit par un cocher et trois postillons portant de courtes épées et des perruques à trois queues. Des espingoles pendaient à leurs épaules, et des pistolets à leurs selles. Sur le marchepied, derrière ce manoir ambulant, se tenaient ou plutôt étaient suspendus en triple file six laquais à riches livrées et armés jusqu’aux dents. Les autres membres de la noblesse, hommes et femmes, vieillards et jeunes gens, étaient à cheval, suivis de leurs valets ; mais la compagnie, pour des raisons déjà connues, était plutôt choisie que nombreuse.

Après cette masse roulante que nous avons essayé de décrire, venait le modeste palefroi de lady Marguerite de Bellenden, portant la personne droite, empesée et ajustée à l’antique, de cette dame qui réclamait ses droits de préséance sur les nobles du pays, dont les titres ne pouvaient balancer les siens. Elle était vêtue de ses habits de deuil, qu’elle n’avait jamais cessé de porter depuis le jour où son époux avait été exécuté comme partisan de Montrose.

Sa petite-fille, l’objet de tous ses soins, et de toute sa sollicitude sur la terre, la belle Édith aux cheveux blonds, était généralement regardée comme la plus jolie personne d’Upper Ward : placée près de son aïeule, on eût dit le printemps à côté de l’hiver. Son cheval andalou, qu’elle gouvernait avec une grâce infinie, son amazone élégante, la riche selle qui la portait, tout avait été disposé pour faire ressortir avec avantage les dons qu’elle avait reçus de la nature. Ses beaux cheveux s’échappaient en anneaux du simple ruban vert qui les retenait. L’ensemble de ses traits doux et féminins n’était pas dépourvu d’une certaine expression de vivacité enjouée, et leur douceur était exempte de cette fadeur que l’on reproche quelquefois aux blondes et aux yeux bleus. Son extrême jeunesse, ses charmes naissants, fixaient plus encore l’admiration que l’éclat de son équipage et la beauté de son palefroi.