Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/416

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seul jour de fête suffisait pour la préoccuper toute l’année. — Et Niel Blane ? — Il vécut jusqu’à un âge très-avancé, buvant de l’ale et de l’eau-de-vie avec les voyageurs de toutes les sectes religieuses, jouant des airs whigs ou jacobites, selon qu’il plaisait à ses hôtes, et mourut si riche, que Jenny épousa un cock-laird[1]. J’espère, mademoiselle, que vous n’avez pas d’autres questions à m’adresser ? car réellement… — Et Goose Gibbie, monsieur ? Goose Gibbie dont les services ont été si utiles et si funestes tout ensemble à vos personnages principaux. — Considérez, je vous prie, ma chère miss Buskbody (pardon de la familiarité) que Schéhérazade même, cette reine des conteurs, si elle revenait au monde, ne pourrait toujours conter. Je ne puis rien vous affirmer positivement sur le sort de Goose Gibbie, mais j’ai des raisons de le croire le même qu’un certain Gilbert Dudden, autrement Calf Gibbie, qui fut fouetté dans les rues d’Hamilton pour avoir volé de la volaille.

Miss Buskbody plaça son pied gauche sur la grille de la cheminée, croisa sa jambe droite sur son genou, se renversa sur sa chaise, et fixa ses regards sur le plancher. Cette attitude contemplative me fit craindre qu’elle ne se préparât à me faire subir un nouvel interrogatoire, et, prenant mon chapeau, je lui souhaitai le bon soir avant que le démon de la critique lui eût suggéré de nouvelles questions.

De même, aimable lecteur, vous remerciant de la patience qui vous a porté à me suivre si long-temps, je vous quitte et vous fais mes adieux  ; jusqu’au revoir.




péroraison.


C’était mon plus cher désir, lecteur très-courtois, que les Contes de mon hôte te parvinssent complets ; mais ayant envoyé quelques cahiers de manuscrit contenant la suite de ces contes très-intéressants, mon éditeur m’informa un peu cavalièrement qu’il n’approuvait pas que les romans (comme il appelle injurieusement ces histoires véridiques) s’étendissent au-delà de quatre volumes ; il me menaçait, si je ne consentais pas à ce que l’on publiât séparément les quatre premiers volumes[2], de rompre notre marché.

  1. Propriétaire de biens de campagne.
  2. Chacun des romans de Walter Scott a été publié primitivement en quatre volumes in-12. a. m.