Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/84

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lier ne sont pas fous de nous, et il est mal de s’établir à Rome pour se disputer avec le pape : c’est pourquoi j’ai pensé qu’il était plus sage de nous en aller avant que le mal empirât, et voici quelques lignes qui vous sont adressées et qui vous en diront davantage à ce sujet. »

Morton prit le billet, et tandis qu’il lisait ce qui suit, la joie et la surprise le firent devenir rouge jusqu’aux oreilles : « Si vous pouvez obliger ces pauvres gens qui sont privés de tout secours, vous rendrez service à E. B. »

Il fut quelques moments avant de pouvoir reprendre assez d’empire sur lui-même pour répondre : « Et quel est votre projet, Cuddie ? et comment puis-je vous être utile ? — En nous donnant de l’ouvrage, monsieur, de l’ouvrage et un emploi, voilà mon projet, et un morceau de pain pour moi et pour ma mère. Nous sommes pleinement maîtres de nous-mêmes, si vous voulez nous prendre à votre service ; du lait, de la farine et des légumes nous suffiront, à ma mère et à moi ; et quant à mes gages, je m’en remets pour les fixer au laird et à vous-même. Je pense que vous ne voudrez pas laisser un pauvre garçon languir dans le besoin, si vous pouvez l’aider. »

Morton secoua la tête. « Pour la nourriture et le logement, Cuddie, je pense que je puis vous les promettre ; mais pour les gages, je crains que ce ne soit un article difficile à régler. — Je risquerai la chance, monsieur, » répliqua celui qui demandait du service, « plutôt que d’aller chez M. Hamilton ou chez quelque autre personne du pays. — Hé bien, allez à la cuisine, Cuddie, et je ferai ce que je pourrai pour vous. »

La négociation n’était pas sans difficulté. Morton avait d’abord à gagner la femme de charge, qui fit mille objections, comme à son ordinaire, pour avoir le plaisir d’être priée ; mais lorsqu’il en eut triomphé, il devint beaucoup plus facile de décider le vieux Milnwood à prendre un domestique dont les gages dépendaient absolument de sa volonté. C’est pourquoi on assigna à Mause et à son fils un hangar pour leur habitation, et on convint que pendant un certain temps ils seraient admis à manger le repas frugal de la maison, jusqu’à ce qu’ils eussent complété leur propre établissement. Pour Morton, il épuisa sa bourse mal garnie en faisant à Cuddie le présent connu sous le nom d’arles[1], pour montrer le cas qu’il faisait de la recommandation qui lui avait été transmise.

  1. Corruption du mot arrhes, qui vient du grec arrôban (ὰρραβών). a. m.