Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/88

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pourquoi la famille Milnwood fut très-surprise, surtout dans ces temps de troubles, par la promptitude des coups répétés qui assaillaient la porte ; mistress Wilson en personne y courut, et ayant reconnu ceux qui faisaient tant de bruit pour entrer, à travers quelques secrètes ouvertures dont étaient fournies grand nombre de portes d’entrée des maisons écossaises, elle revint tout effrayée, et se tordant les bras, elle s’écria : « Les habits rouges ! les habits rouges ! »

« Robin, laboureur… quel est votre nom ? — Garçon de ferme… — Neveu Henri, ouvrez la porte, ouvrez la porte ! » s’écria le vieux Milnwood, se saisissant de deux ou trois cuillers d’argent dont le haut bout de la table était garni (celles qui étaient placées au-dessous de la salière étant de belle corne), et les glissant dans sa poche. « Parlez-leur poliment, messieurs ; au nom de Dieu ! parlez-leur poliment : ils ne souffrent pas la contradiction. Nous sommes tous ruinés, nous sommes tous ruinés ! »

Tandis que les domestiques faisaient entrer les soldats, dont les jurements et les menaces indiquaient déjà le mécontentement qu’ils avaient d’être restés si long-temps à la porte, Cuddie saisit l’occasion de dire bas à l’oreille de sa mère : « Maintenant, vieille folle, faites semblant d’être sourde, puisque déjà vous nous avez rendus sourds, et laissez-moi parler pour vous. Je n’aimerais pas à voir étendre et allonger mon cou pour les commérages d’une vieille radoteuse, bien que vous soyez ma mère. — Oh ! mon cher fils, je garderai le silence, si en parlant cela doit te nuire, répondit tout bas sa mère ; mais songe, mon fils, que ceux qui nient le Verbe, le Verbe les renie à son tour. » Son admonition fut interrompue par l’entrée des gardes-du-corps, au nombre de quatre, commandés par Bothwell.

En marchant ils faisaient un grand bruit sur les dalles de pierre avec les fers des talons de leurs grandes bottes et leurs longues et pesantes épées à poignée en forme de panier, qui retentissaient sur le sol. Milnwood et sa femme de charge tremblaient de la crainte bien fondée de se voir spoliés et pillés pendant ces visites domiciliaires. Henri Morton était tourmenté par une cause plus spéciale, car il se rappelait qu’il était responsable envers la loi pour avoir reçu Burley dans sa demeure. La veuve Mause Headrigg était dans une étrange incertitude, flottant entre les craintes qu’elle éprouvait pour la vie de son fils, et son zèle enthousiaste, qui lui reprochait même de consentir tacitement à renier