Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Menaham en présence du Seigneur, lorsqu’il donna mille talents à Pul, roi d’Assyrie, pour que sa main le protégeât, comme le rapporte le second livre des Rois, chapitre xv, verset 19. C’est la coupable action d’Achab, lorsqu’il envoya de l’argent à Téglat-Phalazar, — voyez le même livre second des Rois, chapitre xvi, verset 8. Et si cela fut regardé comme une apostasie, même chez le religieux Ézéchias qui s’arrangea avec Sennachérib en lui donnant de l’argent et en offrant de se charger de la peine qui pouvait lui être infligée, comme le porte le même livre des Rois, chapitre viii, versets 14 et 15, quel nom méritent ces hommes contumaces et apostats, qui paient les impôts et honoraires, les taxes et amendes à d’avides et méchants publicains, et se laissent frapper d’extorsions et de salaires par de vils et mercenaires curés, chiens muets qui n’aboient pas, dormant ou se couchant le jour comme la nuit, et aimant à sommeiller comme de gros paresseux, et qui font des présents à nos oppresseurs, afin de les aider à nous détruire ! Ils sont comme ceux qui jettent un sort avec eux, qui préparent une table pour les troupes, et qui fournissent de quoi boire à l’armée. — Voilà une belle doctrine pour vous, monsieur Morton ; comment la trouvez-vous ? dit Bothwell, ou comment croyez-vous que le conseil la trouvera ? Je pense que nous pouvons en conserver la plus grande partie dans notre esprit sans crayons ni tablettes, comme vous en portez dans les conventicules. Elle refuse de payer l’impôt, je pense, n’est-ce pas ? dit-il à Andrews. — Oui, pardieu ! répondit Andrews, et elle a juré que c’était un péché de donner un pot d’ale à un troupier, ou de l’inviter à s’asseoir à table. — Vous l’entendez, » dit Bothwell s’adressant à Milnwood, « mais c’est votre propre affaire ; » et il lui présenta la bourse avec son contenu diminué, et cela de l’air de la plus grande indifférence.

Milnwood, dont la tête semblait étourdie par l’accumulation de ses infortunes, tendit machinalement la main comme pour prendre la bourse.

« Êtes-vous fou ? » dit la ménagère à voix basse ; « engagez-les à la prendre, car ils voudront la conserver bon gré mal gré, et c’est notre seul espoir pour les rendre tranquilles. — Je ne saurais le faire, Ailie[1], je ne le saurais, répondit Milnwood dans l’amertume de son cœur ; « je ne puis me résoudre à livrer à ces vauriens ce que j’ai compté si souvent. — En ce cas, il faut que je la

  1. Expression affectueuse, pour Alison. a. m.