Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/102

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écrire. Mais le moment actuel n’est pas propice pour une pareille entrevue, qui, par conséquent, sera différée jusqu’à ce que nous puissions parler librement de choses sur lesquelles nous gardons à présent le silence. En attendant, nous vous prions de croire que nous sommes et serons toujours votre bon parent et ami, soupirant après le jour dont nous apercevons, pour ainsi dire, l’aurore, où nous pourrons vous témoigner d’une manière efficace tout l’intérêt que nous vous portons. C’est dans cet espoir que nous nous disons cordialement,

Très-honorable.
Votre affectionné cousin,
À…
Donné en notre pauvre maison de B… etc.

Sur l’adresse on lisait : « Pour le très-honorable et notre honoré parent, le maître de Ravenswood, la présente, vite, hâte, train de poste… Courez et galopez jusqu’à ce que la présente soit remise. »

« Que pensez-vous de cet épître, Bucklaw ? » demanda le maître dès que son compagnon eut réussi, non sans peine, à trouver le sens, disons même à lire les mots qu’elle contenait.

« Certes, je pense qu’il est aussi difficile de comprendre que de lire la lettre du marquis. Il a réellement besoin de l’Interprète de l’Esprit, ou du Parfait Secrétaire ; et si j’étais à votre place, je lui en enverrais un exemplaire par le retour du messager. Il vous engage fort amicalement à perdre votre temps et à dépenser votre argent dans ce pays vil, stupide et opprimé, sans seulement vous offrir son appui et le séjour de sa maison. Suivant moi, il a quelque plan en vue, dans lequel il pense que vous pouvez lui être utile, et il désire vous avoir près de lui, afin de se servir de vous lorsqu’il sera mûr, se réservant la faculté de vous abandonner aux vents et aux vagues si son complot vient à échouer. — Son complot ! alors vous pensez qu’il s’agit de trahison ? — Et de quel autre projet donc ? il y a long-temps qu’on le soupçonne d’avoir un œil tourné vers Saint-Germain. — Il ne réussirait pas à me faire consentir à m’engager témérairement dans une pareille entreprise. Lorsque je me rappelle les règnes de Charles Ier et de Charles II, et celui du dernier Jacques, franchement je vois peu de motifs propres à me porter, par humanité ou par patriotisme, à tirer l’épée pour leurs descendants. — En sorte donc, que vous