Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/230

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mépris, « et remerciez le ciel de ce que vous laissez ici une femme aussi capable de veiller à l’honneur de la famille que vous l’êtes de vous occuper de pommes et de poires.

Sir William resta dans le jardin le temps qui lui parut nécessaire pour que la mine à laquelle lady Ashton venait de mettre le feu pût faire son explosion, et pour laisser se refroidir la première chaleur du ressentiment de Ravenswood. En rentrant au salon, il y trouva le marquis d’Athol donnant des ordres à quelques-uns de ses gens : le marquis paraissait extrêmement mécontent. Il commençait à lui faire des excuses pour l’avoir laissé seul, lorsque celui-ci l’interrompit :

« Je présume, sir William, que vous n’êtes pas étranger à ce singulier billet dont mon parent (en appuyant fortement sur le mot mon) vient d’être favorisé par votre épouse, et que par conséquent vous êtes préparé à recevoir mes adieux. Mon parent est déjà parti, ayant jugé inutile de vous faire les siens, toutes les politesses qu’il a reçues de vous précédemment se trouvant annulées par cet étrange affront. — Je vous proteste, milord, » dit sir William en tenant à la main le billet, « que je n’en connais point le contenu. Je sais que lady Ashton est très-vive et se prévient facilement, et je regrette sincèrement qu’elle ait pu vous offenser ; mais j’espère que Votre Seigneurie voudra bien considérer qu’une dame… — Devrait se conduire envers les personnes d’un certain rang, de manière à faire voir qu’elle mérite ce titre, » dit le marquis en complétant la phrase.

« Cela est vrai, milord, dit l’infortuné garde des sceaux ; mais enfin lady Asthon est une femme… — Et comme telle, » dit le marquis en l’interrompant de nouveau, « elle a besoin qu’on lui apprenne quels sont les devoirs de son sexe. Mais la voici qui vient ; je veux apprendre de sa propre bouche la cause d’une insulte aussi extraordinaire et aussi inattendue, faite à mon parent pendant que lui et moi nous étions sous votre toit. »

Lady Ashton entrait en ce moment : sa dispute avec sir William, et une conversation qu’elle avait eue depuis avec sa fille, ne l’avaient pas empêchée de s’occuper des soins de sa toilette. Elle était en grande parure, et l’on voyait, dans son air et dans ses manières, qu’elle était née pour soutenir la splendeur dont les dames de qualité s’entouraient dans de semblables occasions.

Le marquis d’Athol la salua d’un air de hauteur, et elle lui rendit son salut avec une égale fierté et une réserve également