Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/279

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Malgré la défense de miss Ashton, il fit plusieurs tentatives pour lui faire parvenir des lettres, et même pour obtenir une entrevue avec elle ; mais ces tentatives furent vaines, et il n’eut que la mortification d’apprendre que les précautions les plus grandes et les plus efficaces avaient été prises pour leur ôter toute possibilité de correspondre. Toutes ces circonstances le contrariaient d’autant plus, qu’il lui était impossible de différer davantage son départ d’Écosse afin de s’acquitter d’une mission importante qui lui avait été confiée. Avant de partir, il remit la lettre de sir William Ashton entre les mains du marquis d’Athol, qui dit en souriant que le jour de grâce était passé pour sir William, et qu’il devait maintenant apprendre quel côté de la haie le soleil éclairait de ses rayons. Ce fut avec la plus grande difficulté que Ravenswood arracha du marquis la promesse de transiger sur la procédure commencée devant le parlement, dans le cas où sir William serait disposé à consentir à son mariage avec Lucy.

« J’aurais de la peine, lui répondit le marquis, à vous laisser sacrifier aussi légèrement les droits de votre naissance, si je n’étais parfaitement convaincu que lady Ashton, ou lady Douglas, comme il lui plaît de s’appeler, gardera son obstination, comme disent les Écossais, et que son mari n’osera la contredire. — Cependant, reprit Edgar, je me flatte que votre Seigneurie voudra bien regarder mon engagement comme sacré. — Sur mon honneur, croyez que je veux vous servir jusque dans vos folies, et qu’après vous avoir fait connaître mon opinion, je tâcherai, si l’occasion s’en présente, d’agir selon la vôtre. »

Le Maître de Ravenswood ne put que remercier son généreux parent, son aimable patron, et lui donner plein pouvoir d’agir dans ses affaires suivant qu’il jugerait à propos. Enfin, il partit pour aller remplir sa mission, qui paraissait devoir le retenir sur le continent pendant quelques mois.