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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/308

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violence les uns envers les autres. Dieu hait l’homme altéré de sang ; celui qui frappe du glaive, périra par le glaive. — Me prenez-vous pour un chien, ou pour une brute plus stupide encore, » dit le colonel Ashton en se tournant brusquement vers le ministre, « pour m’engager à souffrir une pareille insulte dans la maison de mon père ? Laissez-moi, Bucklaw ; il m’en rendra raison, ou, de par le ciel, je le poignarderai dans ce lieu même. — Vous ne le toucherez pas, dit Bucklaw ; il m’a une fois donné la vie, et fût-il le diable lui-même venu pour emporter la maison et toute la famille, on ne l’attaquera qu’après lui avoir donné le temps de se reconnaître. »

Les passions des deux jeunes gens, se contrariant ainsi l’une l’autre, donnèrent à Ravenswood le temps de s’écrier d’un ton ferme et sévère : « Silence !… Que celui de vous qui voudra se battre avec moi choisisse un moment et un lieu plus convenables. L’affaire qui m’amène ici sera bientôt terminée… Est-ce là votre signature, madame ? » ajouta-t-il d’un ton plus doux en présentant à miss Ashton sa dernière lettre.

Un oui, balbutié plutôt que prononcé, sembla s’échapper à regret des lèvres de Lucy.

« Et ceci est-il aussi votre signature ; » continua-t-il en lui montrant la promesse écrite qu’elle lui avait donnée ?

Lucy garda le silence. La terreur, et un sentiment encore plus fort et plus confus, troublèrent tellement son esprit que probablement elle ne comprit pas bien la question qui lui était adressée.

« Si votre dessein, dit sir William Ashton, est de fonder sur cette pièce une prétention légale, ne vous attendez pas à recevoir une réponse à une question extra-judiciaire. — Sir William Ashton, dit Ravenswood, je vous prie, ainsi que tous ceux qui m’entendent, de ne point vous méprendre sur mes intentions. Si cette jeune demoiselle, de sa libre volonté, désire que je lui rende cet engagement, ainsi que sa lettre paraît l’indiquer, il n’est pas une feuille flétrie, poussée par le vent d’automne sur la bruyère, qui ait à mes yeux moins de valeur que ce papier. Mais je dois et je veux entendre la vérité de sa propre bouche, et je ne sortirai pas d’ici sans avoir eu cette satisfaction. Vous pouvez m’écraser par le nombre ; mais je suis armé, je suis au désespoir, et je ne mourrai pas sans vengeance. Voici ma résolution, pensez-en ce qu’il vous plaira. Je veux entendre sa détermination de sa propre bouche, je veux l’entendre d’elle seule et sans témoins. Maintenant, » ajouta--