CHAPITRE XXXV.
conclusion.
Nous avons anticipé le cours des événements pour parler de la guérison et du sort de Bucklaw, afin de ne pas interrompre le détail des incidents qui suivirent les funérailles de l’infortunée Lucy Ashton. Cette triste cérémonie eut lieu de très-bonne heure, dans une matinée d’automne, par un temps de brouillard, et avec une suite aussi peu nombreuse, aussi peu d’éclat que possible. Seulement quelques-uns des plus proches parents accompagnèrent son corps dans ce cimetière qu’elle avait traversé quelques jours auparavant revêtue de sa parure de fiancée, mais aussi passive alors que l’était maintenant, sous les voiles mortuaires, sa dépouille froide et inanimée. Un terrain adjacent à l’église avait été disposé par sir William Ashton pour servir de sépulture à sa famille ; là, dans un cercueil, sans nom ni date, furent rendus à la poussière les restes de celle qui, aimable, belle et innocente, fut exaspérée jusqu’à la frénésie par une longue suite de cruelles persécutions. Pendant qu’on la déposait dans le caveau, les trois sorcières qui, malgré l’heure choisie, avaient flairé le cadavre, comme les vautours sentent une proie, étaient assises sur la même pierre sépulcrale que le jour du mariage, et tenaient entre elles la conversation que nous allons rapporter.
« Ne vous disais-je pas, commença Ailsie Gourlay, que cette belle noce serait suivie d’un enterrement tout aussi beau ? — Il me semble pourtant, répondit Anne Winnie, qu’il n’y a pas grand’chose de bon à recueillir ici ; seulement un petit denier d’argent[1] distribué à chaque pauvre. Ce n’était guère la peine de venir de si loin pour si peu de chose, avec nos vieilles jambes. — Taisez-vous, folle, reprit Ailsie ; toutes les bonnes choses qu’on pourrait
- ↑ Silver tippence, deux pence d’argent, petite monnaie qui n’existe plus, et qui valait tout au plus cinq centimes de la nôtre. a. m.