Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/351

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UNE LÉGENDE
DE MONTROSE.



CHAPITRE PREMIER.

ÉTAT DE L’ÉCOSSE ET DE L’ANGLETERRE.


Gens que l’on voit fonder leur foi sur le texte saint de la pique et du fusil, décider toutes les controverses par une artillerie infaillible, et prouver que leur doctrine est orthodoxe par des coups et des blessures apostoliques.
Butler. Hudibras.


C’est pendant la période de cette grande et sanglante guerre civile qui agita la Grande-Bretagne vers le seizième siècle, que commence notre histoire. L’Écosse était jusqu’alors restée à l’abri des ravages d’une guerre intestine, quoique ses habitants fussent très-divisés dans leurs opinions politiques, et que beaucoup d’entre eux, fatigués du contrôle des états du parlement, et désapprouvant la mesure hardie qu’ils avaient prise d’envoyer en Angleterre une nombreuse armée au secours du parlement révolté, fussent déterminés pour leur part à embrasser la première occasion de se déclarer pour le roi, et de faire une diversion telle, qu’elle pût au moins forcer à rappeler l’armée du général Leslie en Écosse, si elle ne remettait pas une grande partie de ce royaume sous l’autorité royale. Ce plan fut surtout adopté par la noblesse du nord de l’Écosse, qui avait résisté avec une grande opiniâtreté à l’adoption de la ligue solennelle et du covenant[1], et par beaucoup de chefs des clans highlanders, qui pensaient que leurs intérêts et leur autorité étaient attachés à la royauté. Ces chefs avaient en outre une aversion décidée pour les formes de la religion presbytérienne, et étaient dans cet état à demi sauvage de la société où la guerre est toujours mieux accueillie que la paix.

D’après ce concours de circonstances, on s’attendait générale-

  1. Le covenant était une association formée en Écosse pour résister aux empiètements des papistes. Les modifications introduites dans le culte par Charles Ier donnèrent naissance à cette ligue religieuse. a. m.