Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/350

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réjouissances publiques, le sergent était le pyrotechniste, suivant le terme de l’encyclopédie, du village de Ganderscleugh.

C’était dans ses promenades du matin que je rencontrais le plus fréquemment le vétéran. Et je puis encore à peine regarder le chemin du village, ombragé par une rangée d’ormes élevés, sans me figurer que je le vois, avec sa taille droite, s’avancer vers moi d’un pas mesuré, sa canne portée en avant, prêt à me faire le salut militaire. — Mais il est mort ! et il repose avec sa fidèle Jeannette, sous le troisième arbre, en les comptant à partir de la barrière[1] qui est au côté occidental du cimetière.

Les charmes que je trouvais dans la conversation du sergent Mac Alpin ne venaient pas seulement du récit de ses propres aventures, et il n’en avait pas manqué dans le cours d’une vie errante, mais de ses souvenirs de traditions des Highlands, que, dans sa jeunesse, il avait entendu raconter à ses parents, et à son âge il aurait regardé comme une espèce d’hérésie de révoquer en doute leur authenticité. Bon nombre de ces traditions avaient rapport aux guerres de Montrose, dans lesquelles quelques-uns des ancêtres du sergent avaient, à ce qu’il semble, joué un rôle distingué. Quoique ces discordes civiles eussent fait le plus grand honneur aux Highlanders, puisque ce fut vraiment la première occasion où ils se montrèrent supérieurs[2] ou du moins égaux, dans les rencontres militaires, à leurs voisins les Lowlanders, il était arrivé qu’elles étaient moins célébrées parmi eux qu’on n’aurait pu s’y attendre d’après le nombre des traditions qu’ils avaient conservées sur des sujets moins intéressants. C’était donc avec un grand plaisir que j’obtenais de mon ami le vétéran quelques particularités curieuses sur ces temps de désordre. Elles se ressentaient de la rudesse et de l’amour du merveilleux qui caractérisaient l’époque et le narrateur ; mais je ne ferai nullement un reproche au lecteur de les recevoir avec défaveur, pourvu qu’il soit assez bon pour ajouter foi d’une manière implicite aux événements naturels de l’histoire, qui, non moins que toutes celles que j’ai déjà eu l’honneur de soumettre à son examen, repose sur un fond véritable.

  1. Il y a dans le texte anglais stile, ce qui signifie barrière qui ne s’ouvre point, mais par dessus laquelle les hommes et les femmes peuvent passer, au moyen d’espèces de marches taillées dans le bois. C’est pour empêcher les animaux d’aller troubler le repos des morts. a. m.
  2. On trouve dans le roman des raisons qui donnèrent la supériorité aux Higlanders sur les Lowlanders. a. m.