Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/356

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tandis que les indépendants et d’autres sectaires qui, dans la suite, sous Cronnvell, prirent le pouvoir par l’épée et renversèrent les formes presbytériennes en Angleterre et en Écosse, se contentaient encore de se cacher sous la protection d’un parti plus riche et plus puissant. La perspective de soumettre les royaumes d’Angleterre et d’Écosse à une discipline et à un culte uniformes semblait donc aussi favorable qu’ils le désiraient.

Le célèbre Henri Vane, un des commissaires qui négocièrent l’alliance entre l’Angleterre et l’Écosse, vit la puissance de ce charme sur les esprits de ceux avec lesquels il traitait ; et quoiqu’il fût un indépendant fanatique, il trouva moyen de satisfaire et d’éluder tout ensemble les désirs les plus empressés des presbytériens en qualifiant l’obligation de réformer l’Église d’Angleterre, de « changement qui devait être exécuté suivant la parole de Dieu et la pratique des églises réformées. » Trompés par leur empressement, ne concevant eux-mêmes aucun doute sur le jus divinum[1] de leurs établissements ecclésiastiques, et ne pensant pas qu’il fût possible à d’autres d’en avoir, les états et l’Église d’Écosse pensèrent que de telles expressions avaient nécessairement rapport à l’établissement du presbytérianisme. Ils ne furent détrompés que quand leurs secours étant devenus inutiles, les autres sectaires leur donnèrent à entendre que cette phrase pouvait aussi bien être appliquée à l’indépendance ou à toute autre forme de culte que ceux qui étaient à la tête des affaires à cette époque pouvaient considérer comme agréable « à la parole de Dieu et à la pratique des Églises réformées. » Ils ne furent pas moins étonnés de trouver que les desseins des sectaires anglais étaient de détruire la constitution monarchique de la Grande-Bretagne, eux qui n’avaient eu que l’intention de réduire le pouvoir du roi, mais nullement de renverser la royauté. Ils agissaient en cette circonstance comme des médecins imprudents qui commencent, en traitant un malade, par le réduire à un tel état de faiblesse que les fortifiants ne peuvent ensuite le rendre à la santé. Mais ces événements étaient encore enveloppés dans le sein de l’avenir. Alors le parlement écossais croyait que son alliance avec l’Angleterre reposait sur la justice, la prudence et la piété ; et son entreprise militaire semblait remplir ses désirs. La jonction de l’armée écossaise avec celles de Fairfax et de Manchester mit le parti du parlement en état d’assiéger York et de livrer la bataille

  1. Droit divin. a. m.