Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/371

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rarement et aussi peu qu’il conviendra à leur bon plaisir et à leur volonté. Mais on ne peut traiter ainsi un cavalier comme moi, qui doit entretenir ses chevaux, ses domestiques, ses armes, ses équipages, et qui ne peut ni ne veut faire la guerre à ses dépens. » Anderson, le domestique qui avait déjà parlé, s’adressa respectueusement à son maître : « Je pense, milord, dit-il, qu’avec la permission de Votre Seigneurie, je puis dire au capitaine Dalgetty quelque chose qui détruira sa seconde objection. Il nous demande comment nous ferons pour rassembler l’argent de la paie ? Mon pauvre esprit me dit que les ressources nous sont aussi bien ouvertes qu’aux covenantaires. Ils taxent le pays suivant leur bon plaisir, et pillent les domaines des amis du roi ; maintenant, si nous sommes une fois dans les basses terres, à la tête de nos Highlanders et de nos Irlandais, l’épée à la main, nous pourrons trouver plus d’un traître bien gras, dont les richesses mal acquises rempliront notre caisse militaire et satisferont nos soldats. En outre, les confiscations iront bon train ; et en faisant des terres confisquées des donations à chaque cavalier de fortune qui rejoindra son étendard, le roi récompensera ses amis tout en punissant ses ennemis. En un mot, celui qui se joindra à ces chiennes de têtes-rondes n’a la perspective que d’une misérable paie ; mais celui qui passera sous notre étendard a la chance de devenir chevalier, lord ou comte, si le bonheur le favorise. — Avez-vous jamais servi, mon bon ami ? dit le capitaine à Anderson. — Un peu, monsieur, dans nos troubles domestiques, répondit modestement le valet. — Mais jamais en Allemagne, ou dans les Pays-Bas ? — Je n’ai point eu cet honneur, répondit Anderson. — Je vous assure ; » dit Dalgetty en s’adressant à lord Menteith, « que le valet de Votre Seigneurie a des idées sensées, naturelles et justes sur l’art militaire, quoiqu’un peu irrégulières, et il me rappelle l’homme qui vend la peau de l’ours avant de l’avoir abattu. Néanmoins je réfléchirai à cela. — Vous ferez bien, capitaine, dit lord Menteith ; vous aurez la nuit pour y penser, car nous sommes près de la maison où j’espère que l’on vous fera une réception hospitalière. — Et cela viendra bien à propos, dit le capitaine ; car je n ai pris aucune nourriture depuis le point du jour, excepté un gâteau d’avoine que j’ai partagé avec mon cheval. Aussi ai-je été forcé de resserrer mon ceinturon de trois points par exténuation, de peur que la faim et la pesanteur du fer ne le fissent tomber.