Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/370

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ficiers expérimentés, nous sommes plus disposés à profiter de leurs connaissances qu’il ne semble le croire. — Avec la permission de Votre Seigneurie, » dit Anderson en ôtant respectueusement son bonnet, « lorsque nous serons rejoints par l’infanterie irlandaise qu’on attend et qui devrait être débarquée, nous aurons besoin de bons officiers pour discipliner nos recrues.

— Et j’aimerais beaucoup, oui, beaucoup, à être engagé dans un tel service, dit Dalgetty ; les Irlandais sont de braves gens, de fort braves gens, je n’en demanderais pas de meilleurs sur un champ de bataille. J’ai vu une fois une brigade d’Irlandais, à la prise de Francfort-sur-l’Oder, épée et pique en main, repousser les brigades suédoises bleues et jaunes, qui avaient cependant la réputation d’être aussi braves que les meilleures de l’armée de l’immortel Gustave ; et quoique le vaillant Hephurn, le brave Lumsdale, le courageux Monroe, avec d’autres cavaliers et moi, nous nous fussions fait jour à la pointe de la lance, toujours est-il que si nous avons rencontré partout une telle résistance, nous nous serions retirés avec une grande perte et peu de profit. Néanmoins ces braves Irlandais, quoique tous passés au fil de l’épée, comme c’est l’usage en pareil cas, n’en acquirent pas moins un honneur et une gloire immortelle ; aussi, en leur souvenir, est-ce toujours les soldats de cette nation que j’ai le plus honorés et le plus aimés après ceux de l’Écosse ma patrie.

— Je pourrais presque, dit lord Menteith, vous promettre un commandement dans les troupes irlandaises, si vous étiez disposé à embrasser la cause royale. — Et cependant, la seconde et la plus grande difficulté est toujours là ; car, quoique je regarde comme une chose vaine et sordide pour un soldat de n’avoir à la bouche que les mots de paie et d’argent, comme ces vils coquins de lansquenets allemands dont je vous ai déjà parlé, et quoique je sois prêt à soutenir, l’épée à la main, que l’on doit préférer l’honneur à la paie, aux bons quartiers, aux arriérés, cependant, contrario, la paie d’un soldat étant le contrepoids de son engagement, il convient à un cavalier sage et prudent de considérer quelle récompense il recevra de son service et sur quels fonds il sera payé. Et, en vérité, d’après ce que je vois et ce que j’entends dire, c’est le parlement qui tient la bourse. Les Highlanders, à la vérité, peuvent se laisser tenter par l’appât de voler le bétail. Quant aux Irlandais, Votre Seigneurie et vos nobles associés, suivant la coutume de semblables guerres, peuvent les payer aussi