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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/395

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— C’est parler comme vous le devez, milord. Mais j’espère que vous continuerez votre intéressante histoire. — Elle est presque finie ; j’ai seulement à ajouter que, d’après la grande force et le courage d’Allan Mac-Aulay ; d’après son caractère énergique et intraitable, et l’opinion généralement établie, et encouragée par lui-même, qu’il a des communications avec les êtres surnaturels, et qu’il peut prédire l’avenir, le clan a pour lui plus de déférence que pour son frère lui-même, qui est un Highlander courageux, mais qui ne peut lui être comparé en rien. — Un tel caractère, dit Anderson, ne peut que produire le plus grand effet sur les esprits des montagnards. Il faut nous assurer d’Allan à tout événement, milord. Par sa bravoure et sa seconde vue… — Silence ! dit lord Menteith, la chouette s’éveille. — Ne parlez-vous pas de seconde vue, deuteroscopia ? dit le soldat ; je me rappelle que l’illustre major Monro me dit que Murdoch Makenzie, né à Assint, volontaire dans la compagnie, et joli soldat, avait prédit la mort de Donald Tough, du Lochaber, et d’autres, aussi bien que la blessure du major Aufanant, pendant le siège de Stralsund. — J’ai souvent entendu parler de cette faculté, observa Anderson, mais j’ai toujours pensé que ceux qui prétendaient l’avoir, étaient ou des enthousiastes ou des imposteurs. — Il ne me convient pas, dit lord Menteith, d’appliquer une de ces deux épithètes à mon parent Allan Mac-Aulay. Il a montré en plusieurs occasions trop de raison et de bon sens, et vous en avez eu une preuve ce soir, pour le traiter de fanatique ; et ses nobles sentiments, son mâle caractère, l’exemptent du reproche d’imposture. — Votre Seigneurie, dit Anderson, croit donc à ces attributs surnaturels ? — Nullement, dit le jeune noble : je pense qu’il se persuade à lui-même que ses prédictions, qui sont en réalité le résultat du jugement et de la réflexion, sont le résultat d’impressions surnaturelles, comme les fanatiques pensent que les rêves de leur cerveau sont une inspiration divine. Du moins, si cette explication ne vous suffit pas, Anderson, je n’en ai pas de meilleure à vous donner. Et il est temps de nous reposer après les fatigues du voyage d’aujourd’hui. »