Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/397

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ne consentit à voir partager en deux le fruit de ses entrailles. — La comparaison ne vaut rien, capitaine, car je pense que vous consentirez à partager le dollar plutôt qu’à l’abandonner tout entier à votre adversaire. Cependant, en forme d’arriéré, je vous promets que l’autre demi-dollar vous sera payé à la fin de la campagne. — Ah ! ces arriérés, on vous les promet toujours, et on n’en touche jamais rien ! En Espagne, en Autriche, en Suède, c’est toujours la même chanson. Oh ! vivent les Hollandais ! s’ils ne sont ni officiers, ni soldats, ils sont au moins bons payeurs. Et cependant, milord, si je pouvais être sûr que l’héritage de mes pères, la terre de Drumthwacket, est tombé entre les mains d’un de ces brigands de covenantaires, dont on pourrait, en cas de succès de notre parti, faire un traître, j’ai tant d’amour pour ce lieu charmant et fertile, que je m’engagerais avec vous pour la campagne. — Je puis éclaircir les doutes du capitaine, dit Sibbald, le second domestique de lord Menteith, car si son domaine de Drumthwacket est, comme je le suppose, la longue et déserte bruyère ainsi appelée qui est à cinq milles d’Aberdeen, je puis lui certifier qu’il a été dernièrement acheté par Élie Strachan, un des plus grands rebelles qui aient jamais juré le Covenant. — Le chien aux oreilles droites ! s’écria le capitaine avec fureur : qui diable lui a donné l’audace d’acheter l’héritage appartenant à une famille depuis quatre cents ans ? Cynthius aurem vellet, comme nous disions au collège Mareschal, c’est-à-dire, je le jetterai hors la maison de mon père par les oreilles. Ainsi donc, lord Menteith, je suis à vous main et épée, corps et âme, jusqu’à ce que la mort nous sépare, ou jusqu’à la fin de la campagne, quoi qu’il arrive. — Et moi, dit le jeune noble, je vais sceller le marché en vous avançant un mois de solde. — C’est plus qu’il ne faut, » dit Dalgetty en mettant néanmoins l’argent dans sa poche. » Mais maintenant je vais descendre pour voir s’il ne manque rien à mes harnais et à mon équipement, si Gustave a son déjeuner, et lui dire que nous avons pris du service. »

« Voilà donc votre précieuse recrue ! » dit lord Menteith à Anderson lorsque le capitaine eut quitté la chambre « je crains bien qu’il ne nous soit pas d’une grande utilité. — C’est un homme de l’époque, répliqua Anderson ; et sans de tels alliés, nous ne pourrions mettre à fin notre entreprise. — Descendons, répondit lord Menteith, et voyons ce qui est arrivé, car j’entends beaucoup de bruit dans le château. »