Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/398

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Lorsqu’ils entrèrent dans la grande salle, les domestiques se tinrent respectueusement derrière leur maître, et les salutations du matin eurent lieu entre lord Menteith, Angus Mac-Aulay et ses hôtes anglais, tandis qu’Allan, assis sur le même siège qu’il avait occupé le soir précédent, ne faisait attention à rien.

Le vieux Donald accourut en toute hâte dans l’appartement. « Voici un message de la part de Vich Alister More ; il arrivera ce soir. — Avec combien d’hommes ? — Environ vingt-cinq ou trente, sa suite ordinaire. — Jetez une grande quantité de paille dans la grande grange, » dit le laird.

Au même instant, un autre domestique entra précipitamment dans la salle, annoncer que sir Hector Mac-Lean qu’on attendait arrivait avec une suite nombreuse.

« Mettez-les dans la brasserie, dit Mac-Aulay ; il faut établir entre eux et les Mac-Donald cette séparation, car ils ne sont rien moins qu’amis. »

Donald entra de nouveau ; son visage était singulièrement allongé. « Le diable s’en mêle, dit-il ; tous les Highlands sont en route, je pense, car Evan Dhu de Lochiel sera ici dans une heure avec Dieu sait combien de montagnards. — Dans la grande grange avec les Mac-Donald, » dit le laird.

On continua d’annoncer l’arrivée de plusieurs chefs ; le moindre d’entre eux aurait cru déroger à sa dignité, s’il n’était arrivé avec une suite de six ou sept hommes. À chaque nouvelle arrivée, Angus Mac-Aulay répondait en désignant quelque lieu pour les établir : l’écurie, le grenier, la vacherie, les bergeries, chaque bâtiment fut destiné cette nuit au logement des hôtes auxquels on accordait l’hospitalité. Enfin Mac-Donald de Lorn arriva après qu’Angus eut épuisé toutes ses ressources, ce qui le mit dans l’embarras. « Que diable faire, Donald ? dit-il : la grande grange en contiendrait cinquante au plus, s’ils voulaient se coucher les uns sur les autres ; mais il y aurait des dirks tirés parmi eux pour savoir ceux qui seraient au-dessus, et il y aurait indubitablement du sang répandu avant le point du jour. — Que signifie tout cela ! » dit Allan en se levant brusquement et en s’élançant avec cette farouche précipitation qui lui était habituelle ; « les Gaëls d’aujourd’hui ont-ils donc la chair plus délicate et le sang plus blanc que leurs pères ? Défoncez un tonneau d’usquebaugh pour les désaltérer cette nuit ; leurs plaids seront leurs couvertures, le ciel bleu le dais de leurs lits, et la bruyère leur couche.