Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/400

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gazon au clair de la lune. Sa taille, bien au-dessous de celle ordinaire, lui donnait l’apparence d’une grande jeunesse, au point que, bien qu’elle n’eût que dix huit ans, elle aurait pu passer pour en avoir quatre de moins. Sa figure, ses mains, ses pieds étaient d’une symétrie si parfaite avec la petitesse et la délicatesse de sa taille, que Titania[1] eût à peine trouvé une mortelle plus digne de la représenter. Sa chevelure était d’un blond un peu foncé, ses tresses bouclées étaient admirablement d’accord avec son joli teint et avec l’expression de joie et d’innocence qui se peignait dans ses traits. Lorsque nous aurons ajouté à ces charmes, qu’Annette, tout orpheline qu’elle était, semblait la plus gaie et la plus heureuse, des filles, le lecteur croira aisément qu’elle excitait l’intérêt chez presque tous ceux qui la voyaient. En effet, il était impossible de trouver un assemblage plus complet de perfections, et elle paraissait parmi les grossiers habitants du château, comme Allan lui-même dans son enthousiasme poétique le disait, semblable à un rayon de soleil sur une mer sombre, communiquant aux autres la gaieté qui remplissait son esprit.

Annette, telle que nous venons de la dépeindre, sourit et rougit lorsque, en entrant dans la salle, lord Menteith sortit de l’endroit où il s’était retiré et vint lui souhaiter affectueusement le bonjour.

« Bonjour, milord, » lui répondit-elle en tendant la main à celui qu’elle nommait son ami ; « nous vous avons vu bien rarement au château ces derniers temps. Et je crains que vous n’y veniez pas aujourd’hui dans des vues pacifiques. — Du moins, Annette, dit lord Menteith, que je n’interrompe point votre musique par mon arrivée, quoiqu’elle puisse exciter du trouble ailleurs. Mon cousin Allan réclame le secours de votre voix et de votre harpe. — Mon sauveur, dit Annette Lyle, a droit à mes pauvres talents : et vous aussi, milord, vous aussi vous êtes mon sauveur ; vous avez mis le plus grand empressement à sauver une vie qui serait tout à fait inutile si elle ne pouvait servir à mes protecteurs. »

À ces mots, elle s’assit à peu de distance sur le banc où était placé Allan Mac-Aulay, et accordant son clairshach, ou petite harpe d’environ trente pouces de haut, elle s’accompagna en chantant. L’air était une ancienne mélodie gaélique, et les paroles, qu’on supposait très-anciennes, étaient dans le même langage. Mais nous en joignons une traduction par Secundus Mac Pherson,

  1. Personnage d’un drame shakspearien. a. m.