Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre présage l’a placé. Je n’en dînerai pas moins gaiement aujourd’hui au milieu de plaids, de dirks et de kilts. — Cela peut être, dit Allan, et peut-être aussi faites-vous bien de jouir de ces moments qui pour moi sont empoisonnés par la connaissance que j’ai des malheurs futurs. Mais je vous le répète, » continua-t-il en touchant la poignée du dirk qu’il portait, rappelez-vous que cette arme vous donnera la mort. — En attendant, dit lord Menteith, Allan, vous avez fait disparaître les couleurs d’Annette Lyle. Quittons cet entretien, mon ami, et allons voir ce que nous entendons tous deux également bien, les progrès de nos préparatifs militaires. »

Ils rejoignirent Angus Mac Aulay et ses hôtes anglais ; et dans la discussion qui s’engagea, Allan montra une clarté d’esprit, une force de jugement et une précision de pensée qui contrastaient singulièrement avec le jour mystérieux sous lequel son caractère a été vu jusqu’ici.






CHAPITRE VII.

le comte de montrose.


Lorsque Albin[1] indigné tire sa claymore, lorsque les chieftains coiffés de loques s’assemblent pour la défendre, on voit accourir l’intrépide clan Ranald et l’orgueilleux Moray, tous enveloppés dans leurs plaids de tartan et la tête surmontée d’un panache.
Campbell, Chant prophétique de Lochiel.


Quiconque eût vu ce matin-là le château de Darnlinvarach, aurait joui d’un spectacle magnifique et imposant à la fois.

Les différents chefs, suivis de leurs soldats, qui, malgré le nombre, ne composaient que leur suite ordinaire et leurs gardes du corps dans les occasions solennelles, vinrent saluer le maître du château, les uns avec une cordialité affectueuse, les autres avec une politesse hautaine et réservée, suivant l’état d’amitié ou de haine qui avait régné entre leurs clans. Chaque chef, malgré son peu d’importance relativement aux autres, montrait cependant le désir d’exiger d’eux la déférence due à un prince indépendant, tandis que les plus puissants et les plus forts, divisés entre eux par de récentes querelles ou d’anciennes haines, étaient forcés par politique d’avoir de grands égards pour les

  1. Albin pour Albany, district d’Écosse. a. m.