Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/422

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tention de gagner du temps. Lorsqu’il eut donné au major toutes les instructions convenables, et que ce digne vétéran, après l’avoir salué militairement, se dirigeait vers la porte de la salle, Montrose lui fit signe de revenir.

« Je pense, dit-il, que je n’ai pas besoin de rappeler à un officier qui a servi sous le grand Gustave, que l’on demande à un parlementaire plus que l’exécution entière de ses ordres, et que son général attend de lui à son retour quelque rapport sur l’état des affaires de l’ennemi, autant qu’il pourra les observer. En un mot, major Dalgetty, vous devez être un peu clairvoyant[1]. — Ah ; ah ! Votre Excellence, » dit le major, donnant à ses traits, par une légère contraction, une expression inimitable de ruse et d’intelligence, « s’ils ne mettent point ma tête dans un sac, ce que j’ai vu faire envers de braves soldats qui étaient soupçonnés de venir dans de pareilles intentions, Votre Excellence peut compter sur le rapport exact de tout ce que Duglad Dalgetty aura vu ou entendu, quand même il devrait vous rendre compte de tous les airs du pibrock Mac Callum More, ou de toutes les couleurs bariolées de son plaid et de son jupon. — C’est assez répondit Montrose ; adieu ; major Dalgetty : et comme on dit que la pensée d’une dame est toujours exprimée dans le post-scriptum de sa lettre, de même pensez que la partie la plus importante de votre commission est dans les dernières instructions que je vous ai données. »

Dalgetty fit un nouveau signe d’intelligence, et se retira pour songer à se mettre, ainsi que son coursier, en état de supporter les fatigues de la mission qu’il allait remplir.

À la porte de l’écurie (car Gustave avait toujours ses premiers soins), il rencontra Angus Mac-Aulay et sir Miles Musgrave qui examinaient son cheval ; après avoir loué son encolure et sa beauté, ils unirent leurs efforts pour persuader au major de ne pas emmener avec lui un cheval d’un si grand prix dans un voyage aussi fatigant que celui qu’il allait entreprendre.

Angus lui peignit, sous les couleurs les plus alarmantes, l’état des routes ou plutôt les solitudes sauvages qu’il serait obligé de traverser pour se rendre dans le comté d’Argyle, et les misérables huttes ou cabanes dans lesquelles il serait condamné à passer la nuit, et où il ne pourrait se procurer d’autre fourrage pour son cheval que des racines de vieille bruyère. En un mot, il était absolument impossible qu’après un tel voyage l’animal pût être

  1. Ces mots sont en français dans l’original. a. m.