Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/487

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ceux des nobles de ces contrées, qui penchaient pour la cause royale, montraient de la répugnance à se joindre à une armée si irrégulière et composée d’éléments si peu unis, car ils pouvaient craindre à tout moment que les Highlanders, se mettant en sûreté dans leurs montagnes, ne laissassent les Lowlanders qui se seraient joints à eux à la merci d’un vainqueur irrité. La même considération servira à rendre compte des marches soudaines que Montrose était obligé d’entreprendre pour aller recruter son armée dans les montagnes, et les rapides changements de fortune qui le forcèrent, comme on sait, à battre en retraite devant ces mêmes ennemis qu’il venait de vaincre. Si quelques-uns de mes lecteurs cherchent dans ces récits autre chose qu’un simple amusement, ces remarques leurs paraîtront dignes d’intérêt.

Ce fut par ces causes, c’est-à-dire la lenteur des royalistes des Lowlands et la désertion de ses Highlanders, que Montrose, même après sa victoire décisive de Tippermuir, se trouva dans l’impossibilité de tenir devant la seconde armée avec laquelle Argyle s’avançait contre lui, venant de l’ouest. Dans cette conjecture, suppléant par la rapidité des mouvements à la faiblesse de ses troupes, il quitta tout à coup Perth et se dirigea sur Dundee : comme on lui en refusa les portes, il se rabattit vers le nord, et surprit Aberdeen, où il s’attendait à être joint par les Gordons et d’autres royalistes. Mais le zèle de ces gentilshommes était en ce moment tenu en bride par un corps nombreux de covenantaires commandés par lord Burleigh, et qu’on supposait être de trois mille hommes. Quoique Montrose n’eût que moitié de ces forces, il les attaqua hardiment. La bataille se livra sous les murs de la ville, et la valeur des soldats de Montrose triompha du nombre.

Mais il était dans la destinée de ce grand capitaine d’obtenir de la gloire, mais de recueillir rarement les fruits de sa victoire. Il avait à peine eu le temps de faire reposer sa petite armée dans Aberdeen, qu’il apprit, d’une part, que les Gercions étaient déterminés à ne pas se joindre à lui, par les raisons que nous avons mentionnées et par d’autres qui étaient particulières à leur chef, le marquis de Huntly, tandis qu’Argyle, auquel s’étaient joints plusieurs gentilshommes des Lowlands, s’avançait vers lui à la tête d’une armée beaucoup plus nombreuse que celle qu’il avait eu à combattre jusqu’alors. Ces troupes arrivaient, il est vrai, avec une lenteur proportionnée au caractère circonspect de leur chef ; mais cette circonspection elle-même rendait son approche plus