Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/507

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le Nord dans les montagnes sombres et impénétrables du Lochaber.

La sagacité d’Argyle et de ses généraux leur fit conjecturer aussitôt que le projet de l’actif Montrose était de combattre Seaforth, et, s’il était possible, de tailler son armée en pièces avant qu’ils pussent venir à son secours. Ils furent donc forcés de changer leur plan d’opérations. Urrie et Baillie, laissant ce chef se préparer à se défendre le mieux possible, séparèrent encore une fois leurs troupes de celles d’Argyle ; et comme leurs forces consistaient principalement en cavalerie et en habitants des basses terres, ils côtoyèrent la pente méridionale des monts Grampians, et se dirigèrent par l’est vers le comté d’Angus, déterminés à se rendre de là dans celui d’Aberdeen, afin d’intercepter la marche de Montrose, s’il tentait de s’échapper dans cette direction.

Argyle, à la tête de ses troupes, entreprit de suivre Montrose, afin que s’il en venait aux mains, soit avec Seaforth, soit avec Baillie et Urrie, il se trouvât placé entre deux feux par cette troisième armée, qui, le suivant à une distance prudente, devait se tenir prête à fondre sur son arrière-garde.

Dans ce dessein, Argyle se dirigea de nouveau vers Inverary, et à chaque pas il eut lieu de déplorer les cruautés et les déprédations commises par les clans ennemis sur son territoire : parmi les grandes qualités qui les distinguaient, les Highlanders ne possédaient pas celle de la clémence à l’égard de leurs ennemis ; mais leurs dévastations contribuèrent à grossir l’armée d’Argyle. C’est encore un proverbe parmi les montagnards, que celui dont la maison est brûlée doit se faire soldat. La majeure partie des habitants de ces malheureuses vallées n’avait plus désormais d’autre moyen d’existence que celui d’exercer sur leurs ennemis les déprédations dont ceux-ci s’étaient rendus coupables ; et leur seul espoir était celui de la vengeance. Les circonstances qui avaient jeté la désolation dans son pays furent donc la cause de l’augmentation de ses forces ; et Argyle se trouva bientôt à la tête de trois mille hommes pleins de résolution, distingués par leur courage et leur intrépidité, et commandés par de nobles chefs qui avaient plusieurs fois signalé leur courage et leurs brillantes qualités militaires.

Le principal commandement fut confié, sous ses ordres, à sir Duncan Campbell d’Ardenvohr et à un autre sir Duncan Campbell d’Auchenbreck, vieux militaire expérimenté qu’il avait rappelé d’Irlande à cet effet. Le caractère froid et circonspect d’Argyle le porta à combattre les conseils de ses généraux, et à rejeter les