Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/525

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Cle chevalier d’Ardenvohr, à ce que je viens d’apprendre, est notre prisonnier, et, de plus, grièvement blessé. — Et il le mérite bien, » dit Dugald Dalgetty qui venait de les rejoindre en ce moment et qui prenait plus que jamais un air d’importance ; « il le mérite pour avoir osé tuer mon bon cheval dans l’instant même où je lui offrais quartier. Cette action, au surplus, est moins celle d’un vaillant soldat que celle d’un montagnard ignorant, qui n’a pas même assez de talent pour élever une redoute afin de protéger cette vieille masure qu’il appelle son château. — Devons-nous donc, dit Menteith, vous offrir nos compliments de condoléance sur la perte que vous avez faite de votre Gustave ? — Comme vous le dites, » répondit Dalgetty en poussant un profond soupir, « Diem clausit supremum[1], comme nous avions coutume de dire au collège Mareschal d’Aberdeen. Encore vaut-il mieux qu’il ait péri que d’être englouti dans quelque marais fangeux ou dans quelque précipice couvert de neige ; ce qui n’aurait pas manqué de lui arriver si cette campagne d’hiver eût été plus longue. Mais il a plu à Son Excellence, » ajouta-t-il en s’inclinant, « de réparer cette perte en me faisant don d’un noble coursier que j’ai pris la liberté de nommer Récompense-de-Loyauté, en mémoire de cette journée célèbre. — J’espère, repartit Montrose, que vous trouverez Récompense-de-Loyauté, puisque vous le nommez ainsi, assez bien dressé aux manœuvres ; mais il faut que vous sachiez, sir Dugald, que, dans le temps où nous sommes, la loyauté en Écosse est plus souvent récompensée par une corde que par un cheval. — Ah, ah, Votre Excellence aime à plaisanter ; mais permettez-moi de vous assurer que Récompense-de-Loyauté est aussi habile que Gustave dans tous les exercices, et qu’il est beaucoup plus beau. Il est seulement dommage que ses qualités sociales aient été peu cultivées, ce que l’on ne peut attribuer, sans doute, qu’à la mauvaise compagnie dans laquelle il a vécu jusqu’à présent. — Quoi ! le cheval du général ! le cheval de Son Excellence ! y pensez-vous, sir Dugald ? fi donc ! — Milord, » répondit gravement le chevalier, « une inconvenance aussi choquante était loin de ma pensée ; tout ce que je prétends dire ici, c’est que le cheval de Son Excellence, de même que ses soldats, étant dressés et formés par lui, peuvent également se distinguer dans toutes les manœuvres qu’il leur commande ; par conséquent le mérite de ce noble animal ne peut manquer d’être parfait sous

  1. Il a terminé son dernier jour. a. m.