Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/524

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fût en effet, fut surpassée encore par le déshonneur qui résulta de la conduite honteuse de leur chef, dont la galère leva l’ancre dès que la bataille fut perdue, et descendit le lac avec toute la rapidité que pouvaient lui donner des voiles et des rames.






CHAPITRE XX.

allan jaloux.


La voix des vents porte au loin le bruit sinistre des armes ; la guerre et la terreur volent devant eux ; le carnage et la mort marchent derrière.
Penrose.


Montrose n’obtint pas un succès aussi éclatant sur son puissant rival sans avoir à déplorer de son côté la perte de quelques-uns des siens ; mais elle ne se monta pas au dixième de celle de l’ennemi.

La valeur persévérante des Campbells coûta la vie à plusieurs braves du parti opposé, et, parmi les blessés, le plus marquant fut le jeune et vaillant comte de Menteith, qui avait le commandement de la division du centre : cependant sa blessure était légère ; et ce fut d’un air plutôt gracieux que souffrant qu’il présenta à son général l’étendard d’Argyle, qu’il avait arraché lui-même des mains de celui qui le portait, après avoir soutenu contre lui une lutte vigoureuse.

Montrose aimait tendrement son noble parent, chez qui brillaient, dans tout leur éclat, ces sentiments de générosité et de désintéressement, ainsi que cet esprit chevaleresque des temps héroïques, esprit si différent du calcul, de la cupidité et de l’égoïsme que l’usage d’entretenir des troupes mercenaires avait introduits dans presque toutes les parties de l’Europe, et dont l’Écosse dégénérée s’était entachée plus qu’aucun autre pays, en fournissant des soldats de fortune à la plupart des nations européennes. Montrose, dont les nobles sentiments étaient entièrement conformes à ceux de Menteith, quoique l’expérience lui eût appris à tirer parti des motifs qui faisaient agir les autres, n’employait à son égard ni le langage de la flatterie, ni celui des promesses.

« Mon brave parent ! » lui dit-il en le pressant vivement contre son cœur : et cet élan d’un cœur profondément ému fit tressaillir Menteith d’une émotion de plaisir bien plus réelle que s’il avait vu son nom figurer avec éloge dans un bulletin de bataille destiné à être envoyé directement au roi.

Permettez-moi, milord, lui dit-il, puisque rien maintenant ne semble réclamer mes services, de remplir un devoir d’humanité :