Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/553

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tion malade, et que la vision supposée d’Allan n’était qu’une conséquence de sa passion ; qui, lui ayant fait découvrir depuis long-temps dans Menteith un rival préféré, mettait la jalousie et la bonté naturelle de son cœur dans un état de lutte continuelle, et lui faisait naître malgré lui l’idée de tuer son rival.

Menteith ne se rétablit pas assez promptement pour pouvoir rejoindre Montrose pendant sa courte et glorieuse campagne ; et lorsque ce héros, après avoir licencié ses troupes, eut quitté l’Écosse, Menteith se livra à la vie privée jusqu’à la restauration. Après cet heureux événement, il exerça des fonctions dignes de son rang, vécut heureux, estimé du public, chéri et respecté des siens, et il mourut fort âgé.

Nos personnages dramatiques sont en si petit nombre, qu’à l’exception de Montrose, dont la gloire et les exploits sont un thème pour l’histoire, nous n’avons guère à parler que de sir Dugald Dalgetty. Il continua à remplir avec la plus rigoureuse ponctualité tous les devoirs de sa profession, et ne cessa de montrer la même exactitude et la même régularité pour recevoir sa paie, jusqu’au moment enfin où il fut fait prisonnier, comme beaucoup d’autres, à la bataille de Philliphaugh. Il se vit à la veille de partager le sort de ses compagnons d’armes, qui furent condamnés à mort, bien moins par les arrêts des tribunaux civils et militaires que par les dénonciations des prêtres fanatiques qui prétendirent que leur sang devait être considéré comme une offrande expiatoire pour laver les péchés de la terre d’Israël et qu’ils devaient subir un traitement pareil à celui qui fut infligé aux Cananéens ; loi impie éternelle qui leur fut appliquée.

Plusieurs officiers des Pays-Bas au service du covenant intercédèrent pour Dalgetty, en le représentant comme un homme dont les talents militaires pouvaient être utiles à leur armée, et en donnant l’assurance qu’il serait facile de le déterminer à changer de service. Mais sur ce point Dalgetty se montra inébranlable : il s’était engagé au service du roi pour un temps déterminé, et jusqu’à l’expiration de ce temps ses principes ne lui permettaient pas de changer de parti. Les covenantaires ne comprirent rien à des distinctions si minutieuses, et il courut le plus grand danger de recevoir la palme du martyre, non à cause de ses principes politiques, mais à cause du rigorisme de ses idées en matière de discipline militaire. Heureusement pour lui, ses amis, ayant découvert qu’il ne restait plus que quinze jours pour que