Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/87

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à descendre, avec beaucoup de circonspection, un escalier tournant qui occupait une des tourelles ornant les angles de la vieille tour, La lenteur de sa marche arracha quelques exclamations d’impatience à Ravenswood et quelques jurements à son compagnon, moins patient et plus bouillant. Caleb s’arrêta de nouveau avant de lever les barres de fer, et demanda encore une fois si c’étaient des hommes créés du limon de la terre qui voulaient entrer à cette heure de la nuit.

« Si j’étais près de vous, vieux fou, dit Bucklaw, je vous donnerais des preuves suffisantes de mon existence corporelle. »

« Ouvrez la porte, Caleb, » dit son maître d’un ton plus radouci, en partie par égard pour son ancien et fidèle sénéchal, et en partie, peut-être, parce qu’il pensait que des injures seraient peu convenables tant que Caleb aurait mis une forte porte de chêne, garnie de fer, entre sa personne et ceux qui lui parlaient.

À la fin, Caleb, d’une main tremblante, souleva les barres, ouvrit la lourde porte et resta immobile devant eux, montrant le peu de cheveux gris qui lui restaient, son front chauve et ses traits fortement ridés et caractérisés, éclairés par la lueur vacillante d’une lampe qu’il tenait d’une main, tandis qu’il en ombrageait et protégeait la flamme avec l’autre. Le coup d’œil craintif et respectueux qu’il jeta autour de lui, l’effet de la lumière sur ses cheveux blancs et sur sa figure à moitié éclairée, auraient pu fournir le sujet d’un excellent tableau ; mais nos voyageurs avaient trop hâte de se mettre à l’abri de l’orage qui commençait à se former, pour s’amuser à observer le pittoresque. « Est-ce vous, mon cher maître ? s’écria le vieux domestique. « Je suis fâché que vous ayez attendu si long-temps à la porte. Mais qui aurait pensé que je vous reverrais si tôt, et un étranger avec un… » Ici il s’écria, à part pour ainsi dire, et en s’adressant à quelque habitant de la tour, d’une voix qui n’était pas destinée à être entendue des personnes qui étaient dans la cour : « Mysie, Mysie, femme, remuez-vous, au nom du ciel, et arrangez le feu ; prenez le vieux tabouret qui n’a plus que trois pieds, ou toute autre chose qui sera plus à portée, pour faire de la flamme. Je crains que nous ne soyons assez mal pourvus, ne vous attendant que dans quelques mois, et alors sans doute vous auriez été reçu comme il convient à votre rang ; mais néanmoins… — Mais néanmoins, Caleb, dit le maître, il faut que vous ayez soin de nos chevaux, et de nous aussi, de la meilleure manière possible. J’espère que vous n’êtes