Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/88

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pas fâché de me voir plus tôt que vous ne vous y attendiez. — Fâché, milord ! s’écria Caleb, car vous serez toujours milord pour les honnêtes gens, comme vos nobles ancêtres l’ont été pendant trois siècles, sans jamais en demander la permission à un whig… fâché de voir le lord de Ravenswood dans un de ses propres châteaux ! » Puis, encore à part, à sa compagne invisible, derrière le paravent : « Mysie, tuez la poule qui couve, sans y regarder à deux fois ; tant pis pour ceux qui viendront après. Non pas que ce soit notre meilleure habitation, » ajouta-t-il en se tournant vers Bucklaw, « mais seulement une forteresse où le lord de Ravenswood puisse fuir pendant… c’est-à-dire, non pas fuir, mais se retirer, pendant les temps de trouble, comme ceux d’à présent, lorsqu’il ne trouve pas convenable de résider, plus avant dans le pays, dans un de ses meilleurs et de ses principaux manoirs ; mais, pour son antiquité, il y a beaucoup de gens qui pensent que l’extérieur de Wolf’s-Crag excite à juste titre la plus grande admiration. — Et vous êtes bien déterminé à nous laisser tout le temps de la satisfaire, » dit Ravenswood, qui s’amusait assez des ruses que le vieillard employait pour les retenir en dehors de la porte jusqu’à ce que son associée Mysie eût achevé ses préparatifs en dedans.

« Oh ! ne nous inquiétons pas de l’extérieur de la maison, mon bon ami, dit Bucklaw, voyons l’intérieur, et que nos chevaux soient mis à l’écurie, et voilà tout. — Oui monsieur… oh ! oui… sans doute, monsieur… dit Caleb, milord, et qui ce soit de ses honorables compagnons… — Mais nos chevaux, mon vieil ami, nos chevaux, s’écria Bucklaw ; ils vont être complètement épuisés si vous les laissez ici se morfondre après la course rapide qu’ils ont faite ; et je désire conserver le mien, qui est excellent ; ainsi encore une fois, nos chevaux. — C’est vrai… vous avez raison… vos chevaux… Oui… je vais appeler les valets d’écurie. » Et Caleb se mit à crier de manière à faire retentir la vieille tour : John ! William ! Saunders ! Ils sont sans doute sortis, ou peut-être sont-ils déjà couchés, » continua-t-il après avoir attendu un moment la réponse, qu’il savait bien qu’il n’avait pas la moindre chance de recevoir. « Tout est en désordre quand le maître est absent ; mais j’aurai soin de vos bêtes moi-même. — Je crois que c’est ce que vous aurez de mieux à faire, dit Ravenswood, car autrement elles doivent craindre de n’être pas soignées du tout. — Chut, milord, chut, pour l’amour de Dieu, » dit Caleb bas à