Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

taille élevée, qui porte une armure noire, et qui en ce moment fait ranger une troupe d’archers. Par saint Denis ! je crois, Front-de-Bœuf, que c’est justement celui que nous appelions le Noir-Fainéant, le même qui te fit vider les arçons au tournoi d’Ashby !

— Tant mieux ! dit Front-de-Bœuf : il vient sans doute ici pour me donner ma revanche. C’est probablement quelque rustaud, un homme de rien, puisqu’il n’a pas osé s’arrêter pour faire valoir ses droits au prix du tournoi, dont il n’était redevable qu’au hasard. Je l’aurais vainement cherché dans les lieux où les chevaliers et les nobles cherchent leurs ennemis, et je suis vraiment charmé qu’il se montre ici au milieu de cette canaille. »

L’approche de l’ennemi, qui paraissait devoir être très prochaine, mit fin à la conversation. Chacun des chevaliers se rendit à son poste à la tête de la petite troupe qu’il avait pu rassembler ; et, bien que le nombre des assiégés fût insuffisant pour garnir toute l’étendue des murailles, ils n’en attendirent pas moins avec calme et courage l’assaut dont ils étaient menacés.


CHAPITRE XXVIII.


Et cependant cette race errante, qui n’a plus de patrie, qui, se trouve séparée du reste des nations, se vante de posséder et possède en effet la connaissance des sciences humaines. Les mers, les forêts, les déserts qu’ils parcourent, leur ouvrent leurs trésors secrets ; et des herbes, des fleurs, des plantes qui paraissent indignes à la vue, cueillies par eux, développent des vertus auxquelles on n’avait jamais songé.
Le Juif de Malte.


Notre histoire doit rétrograder de quelques pages, afin d’informer le lecteur de quelques événements qu’il lui importe de connaître pour bien comprendre le reste de cette narration. Sa propre intelligence lui a sans doute fait soupçonner d’avance que lorsque Ivanhoe, tombé dans la lice, paraissait abandonné de l’univers entier, Rébecca, à force de prières et d’importunités, obtint de son père de faire transporter le jeune et brave guerrier dans la maison qu’il habitait alors dans un des faubourgs d’Ashby. En toute autre circonstance, il aurait pas été difficile de décider Isaac à cette dé-