Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/64

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tuellement, si nous allons à Ashby-de-la-Zouche, nous le ferons avec mon noble voisin et compatriote Athelstane de Coningsburgh, et avec une suite capable de défier également les outlaws et les barons. Je bois à votre santé, sire prieur, cette coupe de vin, dont j’espère que vous serez content, et je réponds ainsi à votre courtoisie. Si néanmoins vous étiez assez rigide observateur de la règle du cloître, ajouta-t-il, au point de préférer votre acide préparation de lait, j’espère que cela ne vous obligera point à me faire raison de cette manière.

— Non, dit le prieur en souriant, ce n’est que dans notre abbaye que nous nous astreignons au lac dulce ou lac acidum. Quand nous errons parmi le monde, nous suivons les usages du monde, et je vais répondre à votre santé avec la même liqueur, laissant l’autre breuvage à mon frère lai.

— Et moi, dit le templier en remplissant sa coupe, je bois à la santé de la belle Rowena, car depuis que ce nom est répandu en Angleterre, jamais personne n’a mérité un semblable tribut. Par ma foi, je pardonnerais au malheureux Vortigern son destin, si la beauté qui lui fit perdre son royaume et l’honneur avait eu la moitié des attraits de celle que nous voyons en ce moment.

— Je vous épargnerai votre courtoisie, sire chevalier, dit Rowena avec dignité et sans lever son voile ; ou plutôt je vais la mettre à contribution en vous priant de nous donner les dernières nouvelles de la Palestine, sujet plus agréable à nos oreilles anglaises que les compliments dictés par votre éducation française.

— Je n’ai rien de bien important à vous apprendre, lady, répondit sire Brian de Bois-Guilbert, excepté le bruit confirmé d’une trêve avec Saladin. »

Il fut ici interrompu par Wamba qui s’était assis à sa place accoutumée sur un siège dont le dos était décoré de deux oreilles d’âne, et qui se trouvait placé derrière celui de son maître, dont le bouffon recevait de temps à autre quelques morceaux des mets de son assiette ; faveur, toutefois, que Wamba partageait avec les chiens favoris, dont un certain nombre, ainsi que nous l’avons annoncé, jouissaient du privilège d’être admis dans la salle. C’est là que, devant une petite table, les talons appuyés contre le bâton de sa chaise, les joues creuses de manière à rendre ses mâchoires sembla blés à un casse-noisette, et les yeux à demi fermés, Wamba saisis sait avec promptitude l’occasion d’exercer sa bouffonnerie licencieuse.