Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/122

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vention du père Philippe pour couvrir l’irrégularité de sa conduite, me reste à ce point dans la tête, et jette du désordre dans mes pensées les plus sérieuses ! J’ai ordinairement, ce me semble, plus d’empire sur mes sens. Je vais réciter mes prières et bannir toutes ces folles idées. »

Le moine se mit donc à réciter dévotement son chapelet, conformément à la règle prescrite par son ordre, et sans avoir été troublé davantage par les écarts de son imagination, il arriva au pied de la petite forteresse de Glendearg.

La dame Glendinning, qui était à la porte, poussa un cri de surprise et de joie en voyant le bon père. « Martin, dit-elle, Jasper, où êtes-vous donc ? Aidez le très-révérend sous-prieur à descendre, et conduisez sa mule à l’écurie. Ô mon père ! Dieu vous envoie dans notre pressant besoin : j’étais au moment de dépêcher un messager au couvent, quoique j’aie honte d’occasioner tant d’embarras à Vos Révérences.

— L’embarras n’est pas ce qu’il faut regarder, ma bonne dame, dit le père Eustache. En quoi puis-je vous être utile ? Je suis venu pour rendre visite à lady Avenel.

— Ah ! mon Dieu ! dit la dame Glendinning ; c’était justement pour elle que j’avais la hardiesse de vous faire appeler, car il n’est pas possible que la bonne dame passe la journée. Vous plairait-il d’aller dans sa chambre ?

— Le père Philippe ne l’a-t-il pas confessée ? » demanda le moine.

— Elle a été confessée, répondit Elspeth, par le père Philippe, comme Votre Révérence le dit fort bien ; mais… mais je désire que cette confession ait été bien complète : il m’a semblé que le père Philippe avait un air mécontent à cet égard ; et puis il y avait un livre, que le révérend père avait emporté avec lui, et qui… » Elle s’arrêta, comme ne se souciant pas d’en dire davantage.

« Parlez, dame Glendinning, dit le moine ; il est de votre devoir de ne pas avoir de secrets envers nous.

— Ah ! mon révérend père, reprit-elle, ce n’est pas que je veuille vous cacher quelque chose, mais je crains de faire tort à milady dans votre opinion ; car c’est une excellente personne ; elle a vécu des mois et des années dans la tour, et jamais personne n’a mené une vie plus exemplaire : mais ceci est une chose que sans doute elle expliquera elle-même à Votre Révérence.

— je désire l’apprendre d’abord de vous, dame Glendinning,