Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/128

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n’était plus, et elle donna à sa mémoire toutes les louanges imaginables.

Dans le fait, malgré les doutes que lady Avenel pouvait avoir conçus en son particulier sur quelques doctrines professées par l’Église de Rome ; bien qu’elle eût probablement appelé de ce christianisme corrompu au livre sur lequel le christianisme lui-même est fondé, elle avait néanmoins été régulière dans l’observation de ses devoirs de religion, ne poussant peut-être pas le scrupule au point de se séparer de la communion. Tels étaient, en effet, les sentiments des premiers réformateurs qui semblaient s’attacher à éviter un schisme, jusqu’à ce que par la violence du pape il devînt inévitable.

Dans cette circonstance, le père Eustache écouta avidement tout ce qui pouvait le convaincre de l’orthodoxie de lady Avenel sur les principaux articles de la foi ; car sa conscience lui reprochait amèrement le temps qu’il avait perdu avec la dame de Glendearg, tandis qu’il fallait se hâter de se rendre là où sa présence était nécessaire. « Oh ! » s’écria-t-il en s’adressant à la défunte, « si tu es encore exempte des éternels châtiments dûs aux sectaires de la fausse doctrine ; si tu ne dois souffrir que pour un temps, et afin d’expier les fautes de ta vie, fautes qui tinrent plus de notre fragilité que du péché mortel, ne crains point d’habiter long-temps les régions de la douleur. Vigiles, messes, pénitences, macération de mon corps, jusqu’à ce qu’il ressemble à cette forme exténuée, rien ne me coûtera pour hâter ta délivrance. La sainte Église, les pieuses fondations, et notre bienheureuse patronne elle-même, intercéderont en faveur de celle qui a racheté ses erreurs par tant de vertus. Laissez-moi seul, ma bonne dame, à côté de ce lit, je veux remplir les devoirs qu’exige cet événement douloureux.

Elspeth quitta le moine, qui se mit à réciter des prières ferventes et sincères pour le repos de l’âme de la défunte. Après être resté une heure dans la chambre mortuaire, il revint dans la salle, où il trouva Elspeth pleurant la perte de son amie.

Mais ce serait faire injure à l’hospitalité de la dame Glendinning que de supposer qu’elle s’était lamentée pendant ce long intervalle, ou de penser qu’elle avait été absorbée par les larmes abondantes et sincères qu’elle donnait à la mémoire de sa compagne, au point d’oublier son vénérable hôte, confesseur et sous-prieur, en toutes les choses spirituelles ou temporelles qui pouvaient intéresser les vassaux du monastère puissant.