Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/133

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— Je ne crains nullement sa lance, dit le sous-prieur ; si je meurs en défendant les droits et les privilèges de ma communauté, le primat saura de quelle manière en tirer vengeance.

— Qu’il prenne garde à lui-même, » dit Christie ; mais en même temps il déposait sa lance contre la muraille de la tour ; « si les hommes de Fife[1] ont dit vrai quand ils sont venus ici avec le gouverneur, dans leur dernière excursion, Norman Leslie est mal avec le primat, et il s’apprête à le traiter rudement. Tout le monde sait que Norman est un chien de race, qui ne lâche jamais prise. Au surplus, » ajouta-t-il, pensant peut-être qu’il avait été un peu trop loin, « je n’avais aucune intention d’offenser le révérend père. Je suis un homme rude, ne connaissant que la lance et l’étrier, et nullement habitué à communiquer avec des liseurs de livres ou avec des prêtres ; je suis prêt à demander à Sa Révérence sa bénédiction, et son pardon si j’ai dit quelque chose de mal.

— Pour l’amour de Dieu, mon révérend Père, » dit la veuve de Glendearg au sous-prieur, qu’elle prit à part, « accordez-lui votre pardon ; car, comment pourrons-nous dormir tranquilles pendant les nuits obscures, pauvres gens que nous sommes, si le couvent est en mésintelligence avec les gens de cette espèce.

— Vous avez raison, bonne dame, repartit le sous-prieur ; c’est votre sûreté que je dois consulter avant tout. Soldat, je te pardonne ; que Dieu te bénisse et te rende un peu plus honnête ! »

Christie de Clint-Hill fit à contre-cœur une inclination de tête en marmottant à part soi : « C’est comme si tu disais : Que Dieu te fasse mourir de faim ! » Puis il dit à haute voix : « mais revenons à mon message, sire prêtre, quelle réponse dois-je rapporter ?

— Que le corps de la veuve d’Avenel répondit le père, sera enseveli d’une manière convenable à son rang, dans le tombeau de son vaillant mari. Quant à la visite de trois jours que votre maître se propose de nous faire avec ses amis et sa suite, je ne suis pas autorisé à vous donner une réponse définitive ; il faut que vous fassiez connaître à notre révérend abbé le projet de votre chef.

— Il m’en coûtera une course de plus, dit Christie ; mais tout cela rentre dans l’emploi de la journée. Eh bien, mon garçon, » dit-il à Halbert qui s’amusait à manier la longue lance qu’il avait

  1. Comté d’Écosse. a. m.