Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/14

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Ariel, cette belle création de son génie, comme approchant assez près de l’humanité pour connaître la nature de cette sympathie que les êtres d’argile éprouvent l’un pour l’autre, ainsi que nous l’apprend cette expression : « La mienne serait telle, si j’étais un être humain. » Les conséquences que l’on peut tirer de ceci sont singulières, mais semblent toutefois une déduction naturelle. Un être, supérieur à l’homme dans la durée de la vie, dans la puissance sur les éléments, dans certaines perceptions relatives au présent, au passé et à l’avenir, cependant toujours incapable de passions humaines, de sentiments bons ou mauvais, et de mériter des récompenses ou châtiments à venir, appartient plutôt à la classe des animaux qu’à celle des créatures humaines, et l’on doit présumer qu’il agit d’après une bienveillance ou un caprice du moment, plutôt que d’après un instinct qui approcherait du sentiment ou du raisonnement. La supériorité d’un tel être en puissance ne peut être comparée qu’à celle de l’éléphant ou du lion, qui sont plus forts que l’homme, bien qu’ils lui soient inférieurs dans l’échelle de la création. Les préférences ou partialités que ces esprits entretiennent doivent être comme celles du chien ; leurs tressaillements soudains d’amour, ou la manifestation d’une boutade ou méprise, peuvent être comparés aux sensations des nombreuses variétés du chat. Toutes ces propensions cependant sont réglées par les lois qui rendent la race des éléments subordonnée an commandement de l’homme, exposée à être assujettie par sa science, comme la secte des Gnostiques et la philosophie des Rose-Croix, ou à être vaincue par son courage et son audace supérieurs, quand il défie leurs illusions.

C’est par allusion à cette idée des esprits supposés des éléments, que la Dame Blanche d’Avenel est représentée comme prenant une part capricieuse et variée aux événements, dans les endroits où le roman la fait agir, manifestant de l’intérêt et de l’attachement à la famille avec laquelle ses destins sont unis, mais prouvant le caprice et même une espèce de malveillance envers les autres mortels, comme le sacristain et le voleur des frontières, dont la vie irrégulière exposait cette famille à recevoir des mortifications par les mains de la Dame Blanche. Cependant on lui suppose à peine le pouvoir ou le désir de faire plus que n’oblige la terreur ou un embarras créé, et elle est toujours assujettie par ces mortels dont la résolution vertueuse et l’énergie de caractère peuvent avoir de la supériorité sur elle. Dans ce cas particulier, elle semble