Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/159

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Pendant quelque temps, comme tous ceux qui sont enclins à la paresse, il cherchait à distraire l’attention de son frère et de Marie Avenel de leur tâche, au lieu d’étudier la sienne, et alors il s’ensuivait des dialogues dans le genre du suivant :

« Prends ta toque, Édouard, » dit-il un jour, « dépêche-toi. Le laird de Colsmlie est à la tête du glen avec ses chiens.

— Je m’en soucie fort peu, Halbert, répondit son frère, deux couples de chiens peuvent bien tuer un daim, sans que je sois là pour les regarder ; d’ailleurs, il faut que j’aide Marie à apprendre sa leçon.

— Bah ! tu pâliras sur les leçons du moine jusqu’à ce qu’enfin tu deviennes un moine toi-même, dit Halbert. Marie, voulez-vous venir avec moi, je vous montrerai le nid de ramier dont je vous ai parlé.

— Je ne veux pas aller avec vous, Halbert, répondit Marie, parce qu’il faut que j’étudie ma leçon ; il me faudra du temps pour l’apprendre. Je suis fâchée d’avoir la tête si dure ; si je pouvais faire ma tâche aussi vite qu’Édouard fait la sienne, je serais charmée d’aller avec vous.

— En vérité ? dit Halbert, alors je vais vous attendre, et, qui plus est, je vais essayer d’apprendre ma leçon aussi. »

Moitié souriant, moitié soupirant, il prit son livre et se mit à remplir, d’un air indolent, la tâche qu’on lui avait donnée. Comme s’il eût été banni de la société des deux autres, il s’assit, triste et solitaire, dans la profonde embrasure d’une fenêtre, et après avoir lutté vainement contre les difficultés qu’il rencontrait et son peu d’inclination à essayer de les surmonter, il s’occupa involontairement à examiner les mouvements des deux étudiants au lieu d’étudier lui-même.

Le tableau que contemplait Halbert était enchanteur en lui-même, mais par quelque raison secrète il ne lui inspirait que peu de plaisir. La charmante fille, avec des regards qui annonçaient une attention simple mais sérieuse, était occupée à surmonter les obstacles qui retardaient sa marche studieuse ; elle regardait de temps à autre Édouard, pour lui demander du secours, tandis que celui-ci, assis tout près d’elle, écartait ce qui obstruait la route et paraissait tout fier des progrès que faisait son élève, et de l’assistance qu’il était en état de lui donner. Il y avait entre eux un lien, un lien fort et intéressant, le désir d’acquérir de la science, la gloire de vaincre des difficultés.